© Antoine Moneger du Sorber
ƒƒƒ Article de Nicolas Brizault
« La rage contre une histoire sans fin, plusieurs histoires. Un cabaret au-delà des limites et des genres, le Cirque Électrique (se) rassemble. Encore une fois, on va pas déconner : Cirque, Sexe’n’Freaks & Rock’n’Roll ! » : difficile de ne pas mieux commencer avec les mots mêmes du Cirque Électrique au sujet du Cabaret Décadent, revue électrique n°25 + 45 revue qui dure encore quelques semaines dans cet endroit magique et intemporel, étrange et fascinant qu’est le Cirque électrique. Sous ce chapiteau rouge, le public s’installe peu à peu, dîne, boit, discute, sans presque voir passer, ici ou là, une étrange et belle silhouette portant une cagoule métallique. Comme ça, pour rien. Serveuses et serveurs sont adorables, même si deux, d’un seul coup furieux, se jettent des assiettes à la figure. Et juste un peu plus tard, grand noir, musique et tout arrive, Otomo de Manuel, jouant le maître de cérémonie, chevelure rose et bouclée, synthétique et paradisiaque, tatouages et résilles trouées, lance le jeu vautré sur un canapé Chesterfield, surplombant le public.
Et cette hérésie fascinante commence musique à fond, un peu trop sans doute. Difficile de décrire ces personnages, qui pendant un peu plus de deux heures vont nous emporter, soulever, caresser, mordre. Les paillettes et les tralalas débordent, valsent, nous emportent dans cet univers « décadent ». On a déjà vu ici ou là des équipes semblables tentant de nous jeter à la figure ce type d’atmosphère sexy, pédomachoféminophosphorescent. Oui, mais au Cabaret Décadent tout fonctionne et rebondit. Trapèze, cerceau, couteaux avalés, acrobaties fabuleusement érotiques, tout est là, mis en place par le directeur même du Cirque Électrique, Hervé Vallée.
On est ici obligé, sous la menace bien entendu, de les nommer : Erwan Tarlet avec ses pointes, sangles et équilibres en tout genre, Sara van der Blast, fakir évoluant comme un fakir, Tarzana Fourès et son trapèze, juste au-dessus de nous, Antoine Redon, roue Cyr et flamme de l’Enfer, et le divin, multiple et nécessaire danseur queer Syoulla Jins. Et bien entendu les musiciens Tapman, Adrian Gandour, Jean-Baptiste Very et Petit Bouquet, la chanteuse… Tous et toutes nous fascinent, on ne sait plus trop où on est. Pulsions étranges certes, mais surtout un talent multiplié. Cette petite troupe est excellente. L’humour est fin, sombre, et dépourvu de toute vulgarité. On parle de sexe, de cuir, on fouette et met en danger, oui, mais c’est le superbe et tentant emballage du sérieux et de l’infini travail que nécessite ces numéros. Les présentations, les annonces pourraient être un peu plus surprenantes et variées. La façon dont sont dits les textes de Durif écrasent parfois ce qui se passe sur scène. Oui, mais on lève les yeux vers l’orchestre nous surplombant et on voit le plaisir avec lequel ils sont lancés par Petit Bouquet vers les saltimbanques, et tout est pardonné…
Cabaret Décadent, revue électrique n°25 + 45 c’est un mélange de magie et d’antidépresseurs, on a la trouille, le vertige, on est tenté ici ou là par de subtiles portes infernales. Oui, sans aucun doute. Et tant mieux. Ces portes finissent grandes ouvertes et on se retrouve tous sur scène, dansant et prolongeant ce plaisir. Quoi de mieux ?? Vive ici la décadence… interdite aux moins de 17 ans.
© Hervé Photograff
« Cabaret Décadent » Revue Électrique N°25 + 45, d’Hervé Vallée
Avec Erwan Tarlet, Sara van der Blast, Tarzana Fourès, Antoine Redon, Syoulla Jins et les musiciens Tapman, Adrian Gandour, Jean-Baptiste Very et la chanteuse Petit bouquet
Jusqu’au 28 mars 2020 à 21 h
Durée 2 h environ
Le Cirque Électrique
Place du Maquis du Vercors
75020 Paris
Réservation +339 54 54 47 24
reservation@cirque-electrique.com
Métro Ligne 11, Porte des Lilas
Tramway 3B
Bus 48, 96, 105, 115, 129, 170
comment closed