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Brame, de Fanny Soriano, par la Compagnie Libertivore, au Théâtre de la Cité Internationale

Juin 08, 2023 | Commentaires fermés sur Brame, de Fanny Soriano, par la Compagnie Libertivore, au Théâtre de la Cité Internationale

ƒƒƒ article de Hoël Le Corre

Être attiré, tomber amoureux, séduire… Humains ou animaux, il est des moments où il faut savoir capter l’attention, se déclarer, faire sa cour, ouvrir son cœur. Quand les mots sont absents, les regards, les corps, les onomatopées prennent le relai et nous embarquent dans une danse de séduction envoûtante, où rien n’est jamais gagné d’avance. C’est tout ce cérémonial autour de l’amour que Fanny Soriano nous invite à explorer à la lisière du cirque et de la danse.

On ne sait plus si on a affaire à un marivaudage subtil et raffiné digne des amants les plus romantiques, à une parade nuptiale habilement menée par un animal coloré, ou encore à une approche rudimentaire et primitive pour s’attirer les faveurs de l’autre. Face à ces jeux de séduction, ces corps mi-humains, mi-animaux, le public se retrouve aussi surpris qu’amusé, et toujours impressionné par la finesse et la virtuosité des mouvements. Et c’est toute l’intelligence et l’originalité de Brame : étudier les comportements des végétaux et animaux pour nous aider à mieux saisir nos fonctionnements sociaux, parfois troublants de ressemblance. Fanny Soriano nous propose une sorte de plongée biologique au cœur des comportements humains, une observation naturaliste de cet « étrange spécimen » que nous pensons connaître parfaitement, mais qui, quand on le déleste de son verni social, se révèle surprenant, insaisissable.

Pour ce faire, elle plonge ses huit interprètes dans un décor semé de lignes verticales : cordes, mâts et troncs, qui n’est pas sans évoquer une forêt, et qui va devenir le terrain de jeu de ces corps d’humains redevenus animaux, aux mouvements déconcertants de légèreté, de souplesse et d’énergie vitale. Les agrès de cirque sont donc ici au service de ce décor naturel et boisé, ce qui apporte une touche à la fois esthétique et originale au spectacle. Dans une chorégraphie fluide faite d’acrobaties, de portés, de contacts, de chutes et d’envols, et sur une bande son allant de The Do à Kae Tempest, les corps, les couples se lient, se délient, forment des groupes, parfois même des masses inattendues. Les corporalités proposées sont vraiment impressionnantes, et poussées à l’extrême grâce à une véritable maîtrise ; que ce soit la mollesse du corps ou au contraire son côté bondissant. Dans les stratégies de séduction mises en place, le lâcher-prise n’est jamais loin, et c’est un peu comme si ces huit circassiens avaient accepté de se laisser observer dans leur milieu naturel. Le tout constitue un spectacle fascinant, et c’est finalement nous qui nous retrouvons totalement séduits !