© Octave Paute

ƒƒ  article de : Corinne François-Denève

Adapter pour le théâtre Madame Bovary ? L’idée n’est pas nouvelle. Le roman de Flaubert est idéalement divisé en trois parties, et il comporte son lot de « scènes à faire », et de rebondissements dramatiques. Ces dernières années, Mariette Navarro et Caroline Guiela Nguyen s’étaient penchées sur la figure d’Emma dans Elle brûle, tandis que Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps avaient imaginé une version « folk » et western du classique de Flaubert. A chaque mise en scène, une nouvelle lecture de l’œuvre se dessine.

Cendre Chassanne, dont la pièce est représentée dans le cadre du festival « Focus Femmes » a délibérément choisi un axe de lecture « féministe », remerciant à la fin de sa pièce l’auteur pour sa leçon « d’émancipation » On peut s’en étonner. On voit mal en effet ce qu’Emma a de « féministe » – c’est une pauvre victime piégée entre les mensonges du romantisme, les appas douteux de la pré-société de consommation et le carcan que lui impose la société. Faire de Flaubert une sorte de suffragette à bedaine est aussi surprenant mais c’est après tout un problème annexe.

Seule en scène, l’autrice et metteure en scène Cendre Chassanne entreprend, en direct, prétend-elle, d’adapter Flaubert. Non pas pour la scène, justement, mais pour le cinéma, avec comme horizon de désir les films de François Truffaut – dont elle dit qu’il aurait bien mieux adapté Bovary que Chabrol. Chassanne, à sa table, devant son ordinateur, gueuloir moderne, communique ses doutes au public. Elle appelle au téléphone Flaubert et Truffaut pour débattre de tel détail, solliciter leur assentiment. C’est finalement le format de la série qui sera adopté – Bovary en Desperate Housewife ? Sur l’écran, en fond de scène, quelques images mobiles défilent – le beau profil perdu de Pauline Gillet Chassanne, qui ressemble davantage à une boudeuse héroïne des frères Dardenne qu’à une jeune première de Truffaut. Le film de Sébastien Choriol est beau et sensible – on aimerait suivre davantage sur son chemin cette Emma des zones commerciales déshumanisées.

Rivée à sa table et à ses angoisses, Cendre Chassanne nous donne à voir un bréviaire de l’adaptation : comment « rendre » l’agonie d’Emma ? Celle du pied-bot ? Par Justin, par Berthe, nous dit-elle, par les petits et les obliques, donc. Pour les spécialistes, le trajet est plaisant, mais sans surprise. Pour les néophytes qui ne connaîtraient pas l’œuvre, l’ensemble a son charme. Il est magnifié par la présence scénique, drôle et énergique, de Cendre Chassanne.

Bovary, Les films sont plus harmonieux que la vie, de Cendre Chassanne

D’après Madame Bovary de Gustave Flaubert
Texte, mise en scène et jeu au plateau Cendre Chassanne
Co-mise en scène et jeu à l’écran Pauline Gillet Chassanne
Création et régie lumière, vidéo Sébastien Choriol
Son Edouard Alanio
Réalisation images Octave Paute
Costumes Pauline Gillet Chassanne, Marie-Sol Camus
Texte publié aux éditions Rhubarbe
Durée 1h10

Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
T 01 48 05 88 27
www.maisondesmetallos.paris

Du 12 au 17 septembre :
mardi, mercredi, vendredi à 20h,
jeudi, samedi à 19h,
dimanche à 15h

En tournée :
24 novembre 2017 Festival Les enfants du désordre (77)
28 novembre 2017 Théâtre des Pénitents Montbrison (49) ​​
14 décembre 2017 La Ferme des Jeux à Vaux-Le-Pénil (77)
18 janvier 2018 La Nef / La Saline à Wissembourg (67)
25 janvier 2018 Théâtre de Thouars (79)
11 février 2018 Act ’ Art dans le cadre des Scènes Rurales à Beton Bazoches (77)
16 et 17 février 2018 Théâtre des Halles à Avignon (84)
23 mars 2018 Théâtre André Malraux à Chevilly-Larue (94) ​

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