ƒƒ article de Victoria Fourel

Un vieux monsieur passionné d’astronomie et de cyclisme, les démons que sont en réalité les enfants, les accidents de motocyclette et la Normandie. Boule et ses deux musiciens suspendent leurs chansons les unes après les autres, sur le fil d’un tour de chant doux, plein d’humour et de tendresse.

Le personnage que se crée Boule ne semble pas écrit, et pourtant, on le découvre tout au long du spectacle. Ses chansons sont drôles, et ses intermèdes le sont encore plus. Il nous demande même si le spectacle n’est pas trop long. Sympa. Sorte de Sanseverino théâtral, il joue de son décalage pour parler de sa vocation, de ses rencontres, de lui. Mais on ne peut pas s’attarder sur l’humour de son concert, tant il y a plus, et tant l’imaginaire a une place importante dans cette heure de musique. Tout est simple, lunaire, le sourire ne reste pas souvent sur les lèvres du chanteur, comme s’il ne s’arrêtait jamais vraiment sur les choses qui nous font rire, nous spectateurs. On n’est pas là pour mettre en scène l’humour, pour faire de « la chanson drôle ». Les lumières, les interventions (volontaires ou non) des musiciens, rien n’est posé là pour la blague.

Et d’ailleurs, c’est dans l’émotion que Boule réussit un véritable tour de force. Là où dès le départ on a envie de rire, il arrive à nous emmener plus loin, plus tendre, avec de vraies belles images, folles et poétiques. Peut-être de façon plus surprenante encore, c’est visuellement qu’on est pris par la virtuosité des musiciens, par leurs attitudes, et même par leurs instruments. Un violon coulé dans un trombone, une scie musicale, un banjo-violon. Au-delà du fait que les sons provoqués par ces drôles d’instruments sont magnifiques, c’est aussi une image de bric-à-brac de musique bricolée que nous renvoient ces objets.

S’il fallait revoir Boule, j’aimerais en savoir davantage sur lui. Qu’il me parle encore, qu’il écrive une histoire, qu’il façonne des personnages, des portraits. Car en une heure de spectacle, on est entré dans une bulle de folie tranquille, gouailleuse, intelligente, même si elle ne veut pas l’être tout le temps. Sans fil conducteur mais avec trois présences singulières, aux costumes classieux et défraichis, on sait qu’il y a encore beaucoup à dire. Et peut-être même que Boule est moins marrant qu’il semble nous le dire. C’est la poésie de ce tour de chant qui prime, alors même que l’on rit beaucoup. Peut-être bien qu’il faut revoir Boule pour percer le mystère.

Boule en Concert
Avec Boule (chant, guitare), Christophe Fauquereau (contrebasse, scie musicale), Julien Eils (Vent) ou Frédéric Jouhannet (Violons)
Du 7 au 30 juillet 2016 à 15h

Théâtre de l’Arrache-Coeur
13 rue du 58^ème R.I. Porte Limbert 84000 Avignon
Réservation 04 86 81 76 97

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