À l'affiche, Critiques // Bluebird de Simon Stephens – mise en scène Claire Devers – théâtre du Rond Point

Bluebird de Simon Stephens – mise en scène Claire Devers – théâtre du Rond Point

Fév 09, 2018 | Commentaires fermés sur Bluebird de Simon Stephens – mise en scène Claire Devers – théâtre du Rond Point

f Théodore Lacour

© Julien Piffaud

Bluebird – le véhicule de Nissan pour les taxis – est sans conteste l’élément central de cette pièce et de cette proposition. Doit-on voir dans le choix de l’auteur une analogie avec l’histoire qui sert de support aux films du même nom ou deux enfants rêvent de l’oiseau bleu du bonheur qu’ils cherchent à l’aide d’un diamant qui lorsqu’on le fait tourner leur révèle l’âme de toute chose…

Ici le diamant est ce véhicule, ce taxi qui évolue sur le plateau conduit par Jimmy et transportant des «charges» comme il les appelle lui-même. La bluebird arpente la ville, ses avenues et quartiers ; qui sont comme autant de méandres intérieurs, d’histoires insolites des hommes et des femmes peuplant cette ville anglaise et montant dans ce taxi au gré de courses. La danse de ce diamant révèle un univers de la perte, des êtres en mal de temps, d’amour. Un univers social de gens simples, un peu paumés, un peu en fracture: un univers attachant mais plutôt mal en point !

La fable fonctionne comme un révélateur photographique : c’est dans ce chaos que le personnage de Jimmy – magnifiquement porté par Philippe Torreton – va nous apparaître de plus en plus – va prendre l’espace de nos rétines et de nos projections jusqu’à presque nous faire oublier sa bluebird.

Du monde extérieur qui peuple l’intérieur de son taxi nous glissons pas à pas à l’intérieur de son âme, de ses tourments et de son cœur égratigné par la vie et ses âpretés.

Le dispositif scénique et notamment les images projetées d’une ville anglaise en un long plan séquence nous propulsent dans ce monde d’errances. Au fur et à mesure les images, comme les histoires s’estompent et seul le « couple-duo » de Jimmy et Clare nous livrent leur intime avec pour seul arrière plan tout ce que par quoi nous avons été imprégné jusque là. Ici, il n’y a plus d’artifices – seuls leurs corps au milieu des lumières du théâtre : nous sommes à l’intérieur de leur histoire… et de la densité du personnage de Jimmy.

Philippe Torreton porte les mots du texte comme autant de paroles qui lui sont propres. Dommage que l’écriture lui offre une palette réduite de couleurs et que l’on n’ait pas le plaisir de le voir se déployer dans plus d’avenues et ruelles intérieures… Néanmoins nous sommes avec lui. A ses côtés, les personnages incarnés par Serge Larivière sont hauts en couleur et donnent une note décalée et humoristique à la lourdeur de cette société.

On peut regretter l’utilisation systématique des micros – surtout dans une théâtre au si beau rapport entre scène et salle – que seuls les acteurs les plus aguerris utilisent avec précision et subtilité. Pour les autres, le son amplifié les propulse dans une distance avec la salle et avec malheureusement parfois aussi avec eux-mêmes qui nous donne un peu l’impression de les regarder évoluer dans un bocal alors même que leurs paroles simples pourraient nous toucher plus directement. Pourquoi les metteurs en scène s’acharnent ils à donner des micros à des acteurs qui savent très bien travailler sans ?

Hormis cela, nous sommes dans une facture plutôt classique d’un spectacle dont la fable est centrale et ici la fluidité et la disponibilité de l’équipe d’acteurs et le dispositif simple et efficace nous aide à nous y plonger.

 

Bluebird

Texte Simon Stephens
Traduction Séverine Magois
Mise en scène Claire Devers
Avec Philippe Torreton, Baptiste Dezerces, Serge Larivière, Marie Rémond, Julie-Anne Roth
Assistanat à la mise en scène Julie Peigné
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Thomas Cottereau, Olivier Oudiou
Son François Leymarie
Vidéo Yann Philippe, Renaud Rubiano
Costumes : Fanny Brouste
Maquillage : Marion Bidaud

 

Du 07 février au 04 mars 2018 / salle Jean Tardieu

Du mardi au samedi 20h30 – dimanche 15h30

Relâches les lundis et le 11 février

Durée : 2h00

 

Théâtre du Rond Point

2bis avenue Franklin D. Roosevelt Paris 8e
métro Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9)
ou Champs-Élysées Clemenceau (lignes 1 et 13

Réservation : 01 44 95 98 21 et https://www.theatredurondpoint.fr

 

 

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