© Caroline Ablain
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Du talent époustouflant absolument partout. Sur les côtés, au centre, ou caché dans les coulisses. Blow The Bloody Doors Off ou « Défonce ces putains de portes ! » est une suffocation mille fois positive, ô combien ! Et au tout début Blow The Bloody Doors Off est une réplique de Michael Caine dans L’or se barre, film de Peter Collinson. C’est ici une question posée aux interprètes, à l’origine de la création, de la « fabrication » de ce spectacle.
La chorégraphe Catherine Diverrès mêle son talent, ses idées, ses questions depuis plusieurs années avec le musicien Jean-Luc Guionnet, et ici avec le percussionniste japonais Seijiro Murayama. Joue sur les côtés de la scène l’ensemble Dedalus, fondé en 1996, tout à fait visible, présent, sept instrumentistes tout contre huit danseurs. Et débute l’illustration, si je puis dire, car on ne fait pas que voir, sentir, on entend et on vibre également, d’une question que se pose Catherine Diverrès : « Est-il possible d’en revenir à la spontanéité de l’enfance dans l’énergie de l’immédiat ? » Terrible, subtile question et ces corps, ces gestes, ces notes nous mènent vers une possible réponse. La force est là, l’intensité, les roulements, la construction. Seul(e)s, deux par deux, ensemble, les corps nous laissent surpris au départ, notre âme nue, piquetée de l’extérieur encore, nous tentons d’avancer ou de surprendre cette « putain de porte ! » Puis nous entrons sans savoir ni quand ni pourquoi dans le sens même de ce spectacle, que l’on croyait laisser filer. Cellules, histoires, identités en construction nous happent. Nous sommes pris. La musique est totalement liée aux gestes, les gestes sont totalement liés à la musique. L’intensité, renonce, rebondit, est là. Un concerto, huit corps. Aucune limite. Poursuites, éclaboussures, sensualité gigantesque.
Puis règnent des images de Laurent Peduzzi. Un fœtus ? Un arbre ? Nous sans doute, nouvel élancement, troublante vibration. Blow The Bloody Doors Off. Des gens sont sur scène et saluent, épuisés, heureux. Il nous faut redescendre sur terre et applaudir. Ce geste tout simple, sans cesse victorieux, après ces spectacles qui nous envoie en l’air. Blow The Bloody Doors Off.
© Caroline Ablain
Blow the Bloody Doors Off !, chorégraphie Catherine Diverrès
- Musique Jean-Luc Guionnet
Scénographie et vidéo Laurent Peduzzi
Lumières Marie-Christine Soma
Costumes Cidalia da Costa - Avec Alexandre Bachelard, Lee Davern, Nathan Freyermuth, Harris Gkekas, Rafael Pardillo, Emilio Urbina, Pilar Andres Contreras, Capucine Goust (Danse)
- Didier Aschour, Cyprien Busolini, Stéphane Garin, Thierry Madiot, Christian Pruvost, Deborah Walker, Seijiro Murayama (Musique)
Salle Jean Vilar
Durée 1h20
Mercredi 13 au vendredi 15 mars 2019
Chaillot – Théâtre national de la Danse
1, place du Trocadéro
75116 Paris
Réservations 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr
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