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Biafine, de Dedo, au Théâtre Le Paris, Festival d’Avignon Off

Juil 08, 2022 | Commentaires fermés sur Biafine, de Dedo, au Théâtre Le Paris, Festival d’Avignon Off

ƒƒ article de Victoria Fourel

Dedo, c’est une image de marrant métalleux dans le Jamel Comedy Club, des complices de haut vol, un stand up à la fois classique et décalé. C’est une figure, si ce n’est installé, en tout cas connue dans le milieu du stand-up depuis longtemps. Mais Avignon rebat les cartes, encore et encore. Force à s’adapter, à montrer que l’on sait jouer avec les circonstances, avec les aléas, avec les bizarreries du festival.

C’est une petite salle ce soir. C’est le démarrage du festival, et beaucoup d’artistes et de compagnies se rôdent encore. Je n’avais jamais vu un spectacle d’humour en petit comité. Mais c’est passionnant. D’abord, parce que Dedo n’a pas du tout l’air déstabilisé. C’est très différent des tournées à guichet fermé, mais c’est aussi une expérience de l’intimité. Il vient chercher chaque spectateur, chaque existence, pour l’amener dans son univers, pour créer un lien. Le lien, il est là. Aucun problème.

Le contenu, lui, est plus flottant. C’est un spectacle qui part d’un constat : le monde est tendu, le monde est bizarre, et le regard que porte un comédien sur celui-ci ne peut être que bizarre et tendu, lui aussi. C’est un contre-pied rigolard et décalé, mais qui ne suffit pas toujours à être le fil conducteur d’un spectacle entier. On y revient régulièrement, à ce sujet de nos contemporains, de nos connexions, réelles ou imaginées les uns aux autres, mais ce n’est pas toujours avec le même succès.

Là où Dedo a une patte, et est plus surprenant, c’est quand il se lance dans des personnages. On ne l’attendrait pas forcément dans des regards, dans des imitations, dans des jolis moments un peu plus suspendus. Alors oui, c’est moins dans son ADN tabouret et micro, mais cela donne lieu à des instants de jeu parfois plus intéressants.

Il est assez beau, en scène, donc, de repousser ses propres limites. D’être bon dans un jeu avec le spectateur, une discussion joyeuse, détendue, un vrai plaisir à connaître son public, mais d’aller chercher ailleurs, toujours. Peut-être de nouveaux chemins de comédien à explorer pour le stand-upper, qui, visiblement, est venu pour se mettre en danger.