© Lucie Jansch
ƒƒ article de Victoria Fourel
Tantôt balade tranquille et tantôt course contre soi-même, ce spectacle muet mais riche en imaginaire s’attache aux pas d’une cleptomane, prise au piège par son travers, par les objets qui l’entourent et la contrôlent. Magie, danse, marionnettes, musique, créent un spectacle familial et exigeant pour les fêtes de fin d’année.
Il y a dans un premier temps l’histoire. Celle d’un personnage qui vole ce qu’elle trouve. Dans les magasins, les vestiaires, les salons, elle ne peut s’en empêcher. Et cela donne lieu à des scènes très techniques, pleines de fantaisie et de magie. Transformisme et tours de passe-passe donnent au début du spectacle un côté limpide, naïf, enlevé. Dans tous les très beaux décors où elle passe, se compose un personnage aérien et filou. Et là, on fait une belle rencontre, on passe à travers un mur, et soudain, on se retrouve dans un mode plus flou, où les objets prennent vie et entravent la jeune femme, ou rien ne se passe vraiment comme prévu.
Et c’est dans cette seconde partie que se pose le problème de l’écriture d’un tel spectacle. Le peu de texte qu’il y a dans le spectacle est dit bas, comme un appui mais pas un réel outil de narration. Il faut donc compter sur l’expressivité de la musique, du corps et du décor pour brosser le portrait du personnage d’Aurélia Thierrée. Et si les premières scènes sont claires, très portées par la tendance cleptomane du personnage, on passe ensuite à une suite de tableaux, où se perd le fil qui a été tracé. On a la sensation que c’est l’idée qui a précédé l’histoire, ici, et que des envies visuelles de tours ou de décors ont été intégrées au spectacle, sans pour autant qu’il y ait toujours un lien fort avec ce qui est dit au départ.
On a donc un peu de mal à se laisser porter, et c’est dommage, car il y a une grande délicatesse dans ce personnage hors-la-loi coquet, qu’on aurait voulu suivre plus précisément tout au long du spectacle. Cela n’enlève rien au fait que les tableaux, que ce soit à la fin ou au début, sont des chorégraphies originales faites de nombreuses ambiances et techniques, toujours précises et chics. Simplement, c’est dommage qu’à partir d’un certain moment, les transitions se fassent au noir, et les scènes soient si indépendantes les unes des autres.
Bells and Spells est un spectacle idéal pour les fêtes. Il est accessible pour un jeune public, et permet de montrer l’éventail des écritures modernes à toute la famille. Un spectacle court, musical, dansé, plein de secret, surprenant, drôle, teinté des arts du cirque. Même si l’écriture au plateau, sans fil conducteur permanent, peut poser problème pour accrocher le spectateur à un personnage pourtant assez écrit et précis, on passe un moment délicieux, où l’on regarde avec des grands yeux les bijoux disparaître et les émotions apparaître.
© Lucie Jansch
Bells and Spells, de Victoria Thierrée Chaplin
Mise en scène Victoria Thierrée Chaplin
Chorégraphie Armando Santin
Avec Aurélie Thierrée et Jaime Martinez
Du 12 au 31 décembre 2018
Tous les jours à 21h sauf les dimanches à 18h
Durée 1h10
Théâtre des Célestins
4 rue Charles Dullin
69002 Lyon
Réservation au 04 72 77 40 00
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