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Behind the light, mise en scène de Cristina Morganti et Gloria Paris, au Théâtre de la Ville / Les Abbesses

Mar 08, 2023 | Commentaires fermés sur Behind the light, mise en scène de Cristina Morganti et Gloria Paris, au Théâtre de la Ville / Les Abbesses

 

 

 

© Antonella Carrara

 

ff article de Denis Sanglard

 

Ça commence par une grosse colère où Cristiana Morganti exaspérée se lâche, exprime un ras-le-bol inattendu, avant de repartir en coulisse… et de revenir tout sourire, tout ça n’était qu’un joke, dit-elle. Journal intime de son confinement pendant la COVID, Behind the light est un joyeux pêle-mêle, un heureux puzzle, celui d’une danseuse soudainement désœuvrée, bientôt et vite en crise, dont les projets s’annulent les uns après les autres, à quoi s’ajoute une vie intime soudain bousculée par la pandémie et sombrant dans le chaos. Comment avec tout ça qui s’accumule et semble ne plus avoir de fin, trouver la lumière ? Après lecture rapide de son journal intime exposant les faits, inventaire des emmerdes en escadrille accumulées pendant la pandémie, la suite voit Cristiana Morganti tout essayer pour continuer à avancer malgré-tout, faire un bilan, poursuivre ses projets, en commençant par perdre ses 8 kilos en trop. Entre yoga, développement personnel, cris de rage dans la campagne, conversation par vidéo, consultation de tuto pour training et zumba endiablée, Cristiana Morganti se confie, se livre sans pudeur, avec cette autodérision, cet humour franc qui la caractérise. Et danse, danse sans rien cacher des difficultés liés à son âge, de ses fragilités mises à nu par cette pandémie. Arthrose et douleur continue. Doute aussi devant un avenir incertain, compromis par le confinement. On remonte également le temps, la COVID était propice à l’exercice, dans une séquence opératique ou Cristina Morganti, apprenti danseuse, fatiguée et le mollet douloureux, désirant se soustraire à son enseignement se fait morigéner par son professeur. Courte séquence réitérée mais qui en dit long sur la discipline indispensable d’un art exigeant qui vous dévore et vous constitue. Tout ici est prétexte à danser, exprimer les hauts et les bas d’une danseuse à la peine, quelque peu déroutée. Danser sur un air baroque ou même au son d’un sèche-cheveux, séquence quelque peu surréaliste, la danse de Cristiana Morganti est ici un plus qu’exutoire, l’expression de toute une vie, et d’un moment singulier, y puisant là sa source pour trouver justement les ressources et la lumière quand celle-ci fait défaut. Une danse merveilleusement déliée, comme toujours et fortement expressive, ponctuée de commentaires aussi caustiques que sarcastiques, autodérision affirmée, exprimant une vérité intime. Avec ça, un sens de l’image formidable et de la formule définitive. Et Pina Bausch ? la question revient, inévitable, qu’elle anticipe, coutumière de l’exercice comme obligé. Mais comme on secoue ses cheveux, geste pinabauschien par excellence, Cristiana Morganti en est désormais libérée, et dans son passé de danseuse du Tanztheater, lien irréfragable, a trouvé là désormais, et au final, une formidable liberté plus qu’un carcan. Séquence hilarante qui la voit détailler toute la caractéristique de la danse de Pina Baush, de la matrice des mouvements de bras au soutien-gorge, du micro avec fil à la cigarette, des robes fluides et des haut-talons, à la musique, tant singuliers qu’il lui serait impossible aujourd’hui, exprime-t-elle, de danser sans être marqué au fer rouge quoiqu’elle fasse et malgré elle par cet héritage. A moins de faire tout le contraire mais là aussi, certains y chercheront toujours des réminiscences… Preuve est faite ici et de manière éclatante qu’il n’en est rien. Si on reconnait une certaine façon de faire, de se mouvoir, d’aborder le plateau, cela n’appartient désormais qu’à Cristiana Morganti qui, jetant dans les coulisses ses escarpins, se permet même certains clins d’œil, comme un hommage à Pina Bausch ou une adresse complice au public, dans l’esquisse d’un geste emprunté au Sacre du printemps inoubliable, où le léger mouvement de la main d’une danse serpentine entêtante à nulle autre pareille.

 

© Ilaria Constanzo

 

Behind the light, mise en scène de Cristina Morganti et Gloria Paris

Lumière : Laurent P. Berger

Vidéo : Connie Prantera

Assistante répétition : Elena Copelli

Régie son & vidéo : Alessandro Di Fraia

Régie lumière : Matteo Mattioli

Chorégraphie, dramaturgie et interprétation : Cristiana Morganti

 

Du 6 au 11 mars 2023 à 20h

 

Théâtre des Abbesses

31 rue des Abbesses

75018 Paris

 

Réservations : O1 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

 

Une journée avec Cristiana Morganti

Samedi 11 mars, Les Abbesses

11h atelier pour tous

14h rencontre

16h concert pour Pina, Lajos Sarkozy Jr et son orchestre tzigane

17h45 cycle de films

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