À l'affiche, Critiques // Bach Sonia Shantala, mise en scène de Stéphane Ricordel au Lycée Jacques Decour / Festival Paris L’Eté

Bach Sonia Shantala, mise en scène de Stéphane Ricordel au Lycée Jacques Decour / Festival Paris L’Eté

Juil 24, 2017 | Commentaires fermés sur Bach Sonia Shantala, mise en scène de Stéphane Ricordel au Lycée Jacques Decour / Festival Paris L’Eté

 

© Laurent Philippe Shantala Shivalingappa © Xavier Arias Sonia Wieder-Atherton

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Un pur moment de grâce, un enchantement. Trop court, hélas. Shantala Shivalingappa, danseuse indienne et contemporaine, et Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste, un duo sensible, une rencontre exceptionnelle et rare sur une suite de Bach. Shantala Shivalingappa, à jamais l’Ophélie de Peter Brook pour qui la découvrait dans cette tragédie d’Hamlet et dont la folie se lisait dans son regard si intense et son corps ployé sous la douleur, improvise sur une suite de Bach. Mais ce qui se noue avec la musique se joue aussi avec sa partenaire violoncelliste, Sonia Wieder-Atherton. L’archer qui glisse sur les cordes, le mouvement du poignet qui gagne le bras fait danser le corps de l’instrumentiste en son entier. C’est donc bien un véritable duo où chacun s’observe avec attention, chacune danse avec l’autre, à sa façon. Shantala Shivalingappa n’hésite pas à suspendre son pas pour observer sa partenaire, l’entourer même de ses bras si mobiles qui caressent l’air avec tant d’expressivité et de poésie. La toucher parfois pour sembler vouloir comprendre ce qui habite et meut ce corps irradié par la musique de Bach. Reprendre même et métamorphoser ce mouvement singulier qui traverse le corps attaché fermement au violoncelle comme on étreint un partenaire. Car il s’agit d’une écoute profonde et absolue entre ces deux artistes qui s’observent avec grande attention pour sembler vouloir percer ce mystère du geste traversé et habité par la phrase musicale. Bach est le trait d’union entre ces deux-là qui se rencontrent et dialoguent magnifiquement avec autant de curiosité que d’admiration complice. Il faut voir le regard intense de Shantala Shivalingappa posé sur sa partenaire mais aussi celui tout aussi soutenu de Sonia Wieder-Atherton sur cette danseuse si gracile aux mouvements si denses, les mains comme des ailes suspendues, les doigts comme autant de pennes caressant l’air quand ils ne la fouettent pas, aux pieds guerriers frappant le sol de leurs talons. Et la tension est palpable pour le public qui les encercle. Rien ne nous échappe. Ni du souffle qui, épousant la partition de Bach, s’accélère, se cherche ou se meurt, ni des regards qui s’agrippent, ni des moindres variations des corps attentifs et nerveux qui oscillent entre tension et relâchement. Et ce qui bouleverse tout soudain c’est le silence qui s’abat quand l’archer suspend son envol et que se pose la danseuse. Combien celui-ci, ce silence, est traversé, labouré, de ce qui fut donné, partagé, déployé, et comme concentré là, dans ces courts moments de respiration où tout n’est qu’attente fébrile et qu’ose à peine bruisser le public.

 

Bach Sonia Shantala, mise en scène de Stéphane Ricordel

Avec Sonia Wieder-Atherton et Shantala Shivalingappa

Le 21 et 22 juillet 2017 à 18h30

 
Festival Paris L’Eté

Lycée Jacques Decour
12 avenue Trudaine
75009 Paris

Réservations 01 44 94 98 00

www.parislete.fr

Be Sociable, Share!

comment closed