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Bacchantes – Prélude pour une purge, de Marlene Monteiro Freitas, au Centre Pompidou / Festival d’Automne à Paris

Déc 15, 2017 | Commentaires fermés sur Bacchantes – Prélude pour une purge, de Marlene Monteiro Freitas, au Centre Pompidou / Festival d’Automne à Paris

© Felipe Ferreira

ƒƒƒ Article de Nicolas Brizault

Comment écrire sur le travail de Marlene Monteiro Freitas Bacchantes – Prélude pour une purge ? C’est un peu ce que l’on se demande, très rapidement, une fois plongés dans cette fureur, ce bruit, ce chaos indescriptible, oui. Issu lointainement de la pièce d’Euripide, tout est multiple sur scène, tout explose. Les musiciens nous assaillent, nous torturent presque, cinq trompettes tonitruantes, déraillantes, sans aucune retenue. Quel mot absurde ici, la « retenue ». Les danseurs et danseuses, magiques et puissants, sont partout, créent partout, tout le temps. On se régale ici et on rate là, n’ayant que deux yeux, alors les surprises fusent. Sans cesse, partout. Nous n’entendons plus, voyons trop, oublions de respirer. Nous perdons la tête face au travail de Marlene Monteiro Freitas. Vraiment. Nos sourires ne sont pas encore là, nous souffrons presque. Et puis… et puis une surprise terrible, un film sur un mur, change le rythme, toujours aussi puissant mais dans lequel on peut enfin pénétrer. C’est de la joie multiple qui arrive, toujours cette même terrible puissance, mais, allez savoir pourquoi, là, on y entre. La jouissance est là, main dans la main, nous aussi devenons fou et Euripide façon XXIe siècle nous traverse, il est là, ils sont là, tout explose et nous en ressortirons saouls et heureux, retournés, abasourdis, fiers d’être sourds.

Marlene Monteiro Freitas a axé cette belle œuvre sur la musique, le son, ce qui nous écorchait, ouvrait, désaxait au tout début. Le rythme est là, partout, inconséquent ou fort, surpuissant ou menteur, joueur. Les danseurs sifflent, soufflent, cognent, suivis par les musiciens hybrides. Le mouvement est son, notes écorchées ou séduisantes puis trompeuses, pour laisser jaillir tout et n’importe quoi, bacchantes oui ou non !? Et le public, cette fois, est pris, la tension est sensible des deux côtés, de celui assis sagement et de celui ruisselant, sifflant, cognant. La force est là, la musique explose et tant mieux. Tous en face de nous, nous ont saisi, nous malmènent et nos sensibilités sur-jaillissent. Rien à comprendre, tout à voir, sentir, ne plus écouter, seulement se laisser décomposer par ces excès que l’on serait presque à réclamer. Puis Ravel arrive, avec son Boléro, et là…

Difficile donc, de parler sur une œuvre si troublante, complexe et torturante, pour ces danseurs, danseuses et musiciens, qui s’écroulent presque, un sourire épuisé mais heureux sous les applaudissements. Allez donc jouir devant eux, que dire de plus ?

 

Bacchantes – Prélude pour une purge

Chorégraphie  Marlene Monteiro Freitas

Avec Cookie, Flora Détraz, Miguel Filipe, Guillaume Gardey de Soos, Johannes Krieger, Gonçalo Marques, Andreas Merk, Tomás Moital, Marlene Monteiro Freitas, Lander Patrick, Cláudio Silva, Betty Tchomanga, Yaw Tembe

Lumière et espace  Yannick Fouassier
Tabourets   João Francesco Figueira, Luís Miguel Figueira
Recherches  Marlene Monteiro Freitas, João Francesco Figueira

Du 13 au 16 décembre 2017 au Centre Pompidou
Du 18 au 21 décembre 2017 au Nouveau Théâtre de Montreuil

Durée 2h20

Centre Pompidou
Place Georges Pompidou
75004 Paris

T+ 01 44 78 12 33
www.centrepompidou.fr

Nouveau Théâtre de Montreuil
Salle Jean-Pierre Vernant
10 place Jean-Jaurès
93100 Montreuil

T+ 01 48 70 48 90
www.nouveau-theatre-montreuil.com

Festival d’Automne à Paris
www.festival-automne.com

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