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Avec gratitude je me délecte de votre thé, texte et mise en scène d’Hiroko Takai, Maison de la Culture du Japon à Paris

Oct 11, 2019 | Commentaires fermés sur Avec gratitude je me délecte de votre thé, texte et mise en scène d’Hiroko Takai, Maison de la Culture du Japon à Paris

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

« Kissoko», voulez-vous boire un thé ? Pour commémorer le cinquième anniversaire de la disparition d’un maître de thé, une femme, ses disciples, organisent une cérémonie du thé à laquelle est conviée sa fille… C’est une petite merveille, d’une grâce infinie que cette création autour d’une cérémonie propre au Japon. Hiroko Takai, autrice et metteuse en scène de cette pièce courte (45 minutes) nous initie à cet art codifié avec beaucoup d’humour et de gravité mêlées. Il y est question de rencontres, de liens qui se défont, de la transmission et du deuil. De la préparation minutieuse du thé à sa dégustation c’est toute une cérémonie que l’on découvre. Poser le bol du côté intérieur de la ligne de tatami, le poser entre soi et son voisin de gauche, le reposer devant soi et dire la phrase rituelle « Avec gratitude je me délecte de votre thé ». Soulever le bol, incliner la tête et remercier. Enfin faire tourner le bol par deux fois de deux heures à cinq heures et boire une dernière gorgée en faisant du bruit. Essuyer le bol avec le doigt et le doigt avec le papier Kaishi… On y apprend aussi l’importance du Haïgata (dessin avec les cendres du foyer) réalisé avec la cuillère Haïsaji. Combien le choix des pâtisseries, un liste d’une grande poésie, qui accompagnent le thé marquent les saisons. Saisons qui déterminent le choix des ustensiles dont l’usage et la manipulation cérémonieuse sont expliqués avec une grande simplicité. Etonnement d’apprendre que la louche nécessite de la technique, celle du tir à l’arc. Ce pourrait être didactique mais l’habileté dramaturgique et la mise en scène légère et vive à la fois d’Hiroko Takai évite cet écueil. Elle inscrit cette cérémonie dans un quotidien, un mouvement de vie, qui ne le sanctuarise pas mais au contraire lui donne une dynamique, évitant d’en faire un objet folklorique mais bien un art de vivre toujours contemporain. Cette fusion entre le théâtre et cette cérémonie originale est une belle réussite. Surtout, elle permet d’appréhender et de contextualiser un art qui, de loin et à nos yeux d’occidentaux candides, pouvait nous paraitre énigmatique.