Une agression inadmissible
L’agression de Rayhana, auteure et comédienne d’origine algérienne, aspergée d’essence alors qu’elle se rendait à la salle parisienne où elle donne un spectacle sur des femmes algériennes, a suscité jeudi une vague d’indignation. Cette artiste féministe de 45 ans a été agressée et aspergée d’essence mardi soir alors qu’elle se rendait à la Maison des Métallos où elle joue actuellement, avec huit autres actrices, sa pièce A mon âge, je me cache encore pour fumer. « Deux hommes sont venus et m’ont tenu par derrière. J’avais la tête baissée et j’ai reçu une giclée sur le visage. J’étais aveuglée. J’ai reconnu l’odeur de l’essence. Une braise a touché mon bonnet et j’ai couru« , a raconté la comédienne qui bénéficie depuis d’une protection policière. Rayhana indique avoir fait l’objet de premières menaces verbales le 5 janvier. « Deux hommes m’ont traité dans la rue de putain et de mécréante« , a ajouté Rayhana, qui avait déposé une première plainte après ces intimidations. Elle s’est déclarée décidée à poursuivre les représentations de sa pièce jusqu’à son terme pour montrer à ses agresseurs qu’elle n’a « pas peur d’eux » dans un pays « où il y a une liberté d’expression« . Evoquant le contenu de sa pièce, qui se déroule dans un hammam, l’auteure dit avoir situé « cette histoire à Alger parce que c’est ma culture« . « Je parle de femmes que je connais, d’une culture que je connais, mon propos ce sont les femmes en général », précise la dramaturge. Une liberté de ton qui n’est pas appréciée par les fanatiques qui s’obstinent à vouloir imposer, par des actes barbares, la violence que leurs idées rétrogrades encouragent. Cet acte scandaleux et inqualifiable est inadmissible sur notre territoire. Rayhana est reçue aujourd’hui par la Secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Murano, qui lui manifestera son soutien. Les Ecrivains Associés du Théâtre, ainsi que toute la profession, soutiennent l’auteure éprouvée par l’obscurantisme d’une société qui ne doit pas semer la terreur en invoquant les prophètes de la dérive !
Bruno Deslot
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