© Vincent Pontet
ƒƒƒ article de Sylvie Boursier
« Je lui dirai les mots bleus ceux qui rendent les gens heureux ». Au cœur d’un studio d’enregistrement bleu marine, un cabaret du bout du monde pour naufrageurs sans bagages, la musique nous enveloppe comme une seconde peau. Peut-on rêver plus belle bande son ? de Brel à Bashung en passant par Benjamin Biolay, Barbara et tant d’autres, ces chansons ont marqué notre vie.
Pierre-Marie Braye-Weppe crée les arrangements musicaux avec des compositions originales, tandis que quatre auteurs et autrices ont écrit pour chaque interprète un texte biographique ou fictionnel sur le pitch suivant : une chanson peut-elle changer une vie ? la réponse est un concert théâtral d’un quintet éphémère qui a le gout des premières fois, de l’inachevé, quand notre vie se fait roman et que l’amateur rejoint le professionnel dans une lumineuse trouée d’enfance. Chacun a sa musique, son moment sur ce vinyle romantique signé Guillaume Barbot.
Amsterdam est rock en roll avec un Thierry Hancisse incandescent, transpirant jusqu’à ce que les mots ruissellent sur son corps dans Je ne peux plus dire je t’aime d’Higelin, il allume le feu jusqu’au bout des doigts sur Antisocial du groupe Trust. Son duo des Mots Bleus avec Véronique Vella glisse comme une vague, le couple se frôle sans se toucher, cheveux emmêlés, caresse effleurée, telle une promesse à l’aube, quand les corps sont fatigués et qu’il n’y a plus d’après.
Les partitions disent la révolte, elles claquent et vrombissent chez Léa Lopez, comme un étendard, un défi « je suis punk …c’est ma chanson, ma première chanson ». Elles disent la déflagration d’une vision la nuit pour Axel Auriant dans les coulisses d’un théâtre déserté, nette, tranchante comme une lame.
Il suffit d’un rien, « trois petites notes de musique qui vous font la nique du fond des souvenirs » et tout revient, la première clope, la détresse d’une mère, un regard et des nuits à attendre.
La musique est passée de l’un a l’autre, de corps en corps et de voix en voix. Danser, chanter, murmurer, jouer du piano, de la guitare, du clavier, de la batterie, ils savent tout faire ces artistes magnifiques, s’échangent leur instrument et se soutiennent d’un regard, heureux d’être là, avec nous. Le public ne voulait plus partir comme lors des concerts de Barbara, sans oser leur demander une ultime reprise, alors merci aux funambules d’un soir pour ces lendemains qui chantent dès aujourd’hui.
© Vincent Pontet
Art Majeur de Pauline Delabroy-Allard, Emmanuelle Fournier-Lorentz, Simon Johannin, Gilles Leroy.
Mise en scène : Guillaume Barbot
Musiques : Pierre Marie-Marie Braye-Weppe
Scénographie : Benjamin Lebreton
Dramaturgie : Agathe Peyrard
Costumes : Aude Désignaux
Lumières : Nicolas Faucheux
Son : Julien Reboux
Avec : Thierry Hancisse, Véronique Vella, Léa Lopez, Axel Auriant, Pierre-Marie Braye-Weppe
Jusqu’au 5 mai
Du mercredi au dimanche à 18h30 relâches les 30 et 31 mars
Durée : 1h 20
Studio de la Comédie-Française
99 rue de Rivoli
Galerie du Carrousel du Louvre
75001 Paris
Réservation : 01 44 58 15 15
www.comedie-francaise.fr
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