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Aringa rossa, mise en scène d’Ambra Senatore au théâtre de la ville

Fév 13, 2015 | Commentaires fermés sur Aringa rossa, mise en scène d’Ambra Senatore au théâtre de la ville

ƒƒ article de Florent Mirandole 

 

© Viola Berlanda

© Viola Berlanda

 

Une petite troupe de danseurs se dépêche de traverser la scène lorsque deux d’entre eux s’effondrent. A peine se sont-ils relevés que deux autres tombent à leur tour. Sans explication la troupe se remet en marche, trottinant avec légèreté vers un but encore inconnu. La découverte d’une clef ne fait qu’épaissir le mystère. Mais très vite le spectateur abandonne la piste du thriller, submergé par les indices lui prouvant que quelque chose ne tourne pas rond.

La pièce d’Ambra Senatore Aringa rossa multiplie avec ingéniosité les chemins de traverse que le spectateur est invité à suivre, avant de rebrousser chemin. Car jamais nous comprendrons ce qui motive cette petite troupe à explorer les moindres recoins de la pièce. Ces fausses pistes constituent au final l’architecture de cette pièce faussement légère. Aringa rossa, le « hareng rouge », désigne d’ailleurs les fausses pistes destinées à tromper le spectateur de cinéma.

La chorégraphe ne se contente toutefois pas de jouer avec le public, elle joue également avec sa troupe. En comprimant ou dilatant le temps à loisir, Ambra Senatore ralentit les mouvements de ses danseurs, coupe court aux discours ou « rewind » les actions. La plasticité de ce groupe s’avère vite fascinante, les danseurs prenant un malin plaisir à passer d’une émotion à une autre au son d’un diapason émotionnel dissonant. Peu à peu nous abandonnons tous nos repères pour nous laisser subjuguer par ce monde régi par les lois proches de la pataphysique.

La pièce évite cependant de tomber dans le piège de la simple performance. La grande place donnée à l’improvisation donne d’ailleurs les moyens aux danseurs de s’amuser à loisir de ces situations. Ainsi les différentes interprétations d’une même scène de retrouvaille laissent transparaitre toute l’exagération et l’ironie du dialogue, et finit par emporter les rires de la salle.

C’est au final un voyage réjouissant dans un univers parallèle que nous propose Ambra Senatore, nous prouvant qu’il n’est pas nécessaire ce mois-ci d’aller vers « Jupiter » pour traverser l’espace-temps.

 

Ambra Senatore 
Chorégraphie Ambra Senatore
assistants Aline Braz Da Silva & Tommaso Monza
lumières Fausto Bonvini
costumes Roberta Vacchetta assistée de Augusta Tibaldeschi
projet sonore Igor Sciavolino et Ambra Senatore
musiques originales Igor Sciavolino
musiques Claudio Monteverdi, Igor Stravinsky, Fausto Amodei, Caravan Palace, Brian Bellott
Avec Ambra Senatore, Caterina Basso, Claudia Catarzi, Elisa Ferrari, Simona Rossi, Matteo Ceccarelli, Pieradolfo Ciulli, Romain Bertet, François Brice

Du 11 février au 14 février, à 20h30

Théâtre de la Ville
2, Place du Châtelet – 75004 Paris
Réservation 01 42 74 22 77
M° Châtelet
www.theatredelaville-paris.com

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