À l'affiche, Critiques // Annabella (Dommage que ce soit une putain) d’après John Ford dans une mise en scène de Frédéric Jessua au Théâtre de la Tempête.

Annabella (Dommage que ce soit une putain) d’après John Ford dans une mise en scène de Frédéric Jessua au Théâtre de la Tempête.

Mar 24, 2016 | Commentaires fermés sur Annabella (Dommage que ce soit une putain) d’après John Ford dans une mise en scène de Frédéric Jessua au Théâtre de la Tempête.

ƒƒ article d’Ulysse Di Grégorio

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© Frédéric Jessua

Le théâtre de la tempête, dirigé par  Philippe Adrien, se voit aujourd’hui donné une adaptation d’Annabella de John Ford. Choix audacieux, impérieux même, qui met à l’honneur le dramaturge John Ford si peu souvent représenté. Chose heureuse que notre attente pour la pièce soit ici si bien récompensée par la qualité des interprètes, l’intelligence et la multiplicité des images qui nous donnent à voir un large spectre de sentiments. Des sentiments noirs, cruels, cyniques sont partagés par les différents personnages. Rappelons que l’écrivain Antonin Artaud avait une grande admiration pour l’auteur, et pour reprendre ses mots au sujet de la pièce : « Une vraie pièce de théâtre bouscule le repos des sens… Annabella, c’est l’absolu de la révolte ». La pièce est centrée sur l’amour incestueux entre un frère et une sœur, amour consommé, véritable aboutissement d’une passion qui se traduira par la grossesse non désirée d’Annabella. Ces êtres sont guidés par leur instinct tout en sachant que la morale publique, elle, ne peut tolérer cette situation. La violence des sentiments est au plus haut lorsque le père – décide avec le consentement de sa fille de contracter au plus vite un mariage pour sauver sa réputation. L’inceste entre une sœur et son frère – sujet brûlant envers lequel les sociétés ont souvent eu des prises de position très différentes – interroge le rapport entre morale et sentiments.

Politique et sociale, cette adaptation nous propose un langage modernisé tout en respectant fidèlement la trame. L’humour sarcastique et l’esprit mordant des personnages font un excellent mélange. Ford explore des sentiments de l’ombre, que ces artistes nous restituent à merveille par un engagement total qui ne peut qu’être salué.

Annabella (Dommage que ce soit une putain)
d’Après John Ford
Frédéric Jessua mise en scène
Frédéric Jessua et Vincent Thépaut adaptation et traduction
avec Justine Bachelet, Elsa Grzeszczak, Tatiana Spivakova, Jean-Claude Bonnifait, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou, Vincent Thépaut, Harrison Arévalo
Du 18 mars au 17 avril 2016, du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h30.

Théâtre de la Tempête – Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre – 75012 Paris
réservations 01 43 28 36 36
www.la-tempete.fr

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