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Amnesia, écrit et mise en scène par Sarah M., Théâtre de la Tempête, Paris

Mai 07, 2023 | Commentaires fermés sur Amnesia, écrit et mise en scène par Sarah M., Théâtre de la Tempête, Paris

ƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Amnesia est pour le moins surprenant. Ce spectacle nous entraîne dans les méandres d’un pouvoir, suprême et négatif évidemment, où l’on impose, enferme, tue. Devant nous un immense espace sombre, dissimulant ou révélant le roi, un général, un militant politique, leur entourage et le peuple, sa voix. Scénographie très réussie, apparition, disparition, lumière ou obscurité quasi terrifiantes dans lesquelles ces personnages vont, en français et en arabe, se jeter au visage leur violence incontournable, tenter de se défendre, de défendre le peuple, montrer combien la liberté, l’union positive devraient être ses bases incontournables. Le tout dans un univers sombre, mêlant le visible et l’invisible, le flou, l’incontournable, l’inimaginable.

Méandres tentants sur lesquels l’envie de se laisser emporter, par ces ces images sobres et efficaces, est évidente. Et déçue. On nous indique que nous sommes dix ans avant, puis deux jours après, six mois pendant, etc. Des indications aussi claires et très douées pour la perte complète du spectateur qui a presque envie de regarder son téléphone pour tenter d’en savoir plus exactement. Petit détail dont on pourrait se débarrasser en utilisant le titre Amnesia et en se contentant du texte, peu importe quand ont lieu ces évènements est on tenter d’imaginer.

Et texte bilingue donc, avec de jolies traductions en l’air : pas facile, on lit ou on voit. Début de la perte, débarquement d’un ennui léger. Pourtant, sur scène, on se bat, la force est continue, on se défend, on exécute. Un texte fort, annuaire du combat, sur lequel plusieurs fois de suite les acteurs glissent et tombent. Dommage. Depuis la salle, on fait l’effort d’y croire, de tenter. On pense malheureusement aux arbres tout autour de ce théâtre, à ce vieux chat croisé tout à l’heure. Ces personnages devant nous donnent une force splendide pour tenter de nous entraîner dans un univers qu’ils souhaitent nous offrir. On se dit qu’il faut faire un effort, non pour aller caresser le chat mais pour tenter de se rattacher à ce texte qui se veut glorieux. Il l’est sans doute, en cherchant bien, mais l’envie n’est plus là. Nous sommes perdus, lassés. Oui, ces personnages se veulent forts. De quoi ? Une mère condamne l’assassin de son fils, seule chose tristement claire dans ce spectacle. Le reste ? De grands mots rapides et scotchés, des personnages souhaitant lever leurs poings le temps qu’il leur reste face à leurs assassins amusés. Du remué, étrange et vite lassant. Hélas.