Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Alice de l’autre côté, d’après Lewis Carroll, mise en scène de Charlie Windelschmidt, Théâtre de la Tempête

À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Alice de l’autre côté, d’après Lewis Carroll, mise en scène de Charlie Windelschmidt, Théâtre de la Tempête

Alice de l’autre côté, d’après Lewis Carroll, mise en scène de Charlie Windelschmidt, Théâtre de la Tempête

Jan 30, 2022 | Commentaires fermés sur Alice de l’autre côté, d’après Lewis Carroll, mise en scène de Charlie Windelschmidt, Théâtre de la Tempête

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

En 1867, Lewis Carroll, avec De l’autre côté du miroir trouve d’autres idées pour son Alice, à nouveau dans un monde étrange après avoir traversé un miroir, un monde comme posé sur un échiquier où cette fois la jeune fille débarque au milieu de vieillards pas très sympathiques, comme mal barrés et très fiers d’eux. Charlie Windelschmidt se sert de ce texte pour Alice, de l’autre côté, avec ici directement le texte de Lewis Carroll, là des adaptations tirées d’improvisations. En arrivant dans la salle, on se retrouve dans un EHPAD. Léger soupir, on imagine du lourd, du sombre à venir. Les personnages arrivent, « devenus » vieillards grâce à des masques en latex. Lenteur, poids. Et puis… Alice débarque et on se rend alors compte que ce carrelage noir et blanc est en fait un échiquier géant et que sans vouloir nous en apercevoir, nous sommes dans un univers fort particulier, qui coupe le souffle ou plutôt nous fait passer nous aussi, plus discrètement qu’Alice mais tout de même, de l’autre côté du miroir. Alice commence à jouer sur cet échiquier avec la Reine rouge, elle réinventera tout un vocabulaire avec un bonhomme assez joyeux, rencontrera des personnages qui savent tout, sûrs d’eux : Alice leur pose des questions… Mais comment est-ce possible, elle ne comprend rien à rien cette petite !

Le léger doute de l’avant tout début se dissout, on se laisse emporter par les textes bien évidemment, mais par le travail de Charlie Windelschmidt et de son équipe. La magie est partout, le rêve, le jeu. Tous et toutes sont excellents, nous ne sommes plus au théâtre mais devant un grand bouquin dans lequel on peut suivre des échos différents, le conte, des questions plus contemporaines, on suit ce qu’on veut, comme on veut et même ce décor qui paraît bêtement simple avant la lancée de ce spectacle, est en fait un univers fou, troublant, gesticulant. Il y a du somptueux, du mystérieux, parfois l’impression que tout est foutu, et non tout redémarre pour le chemin suivant.

Bon, certes, les petites lumières stroboscopiques, mode lassante et pénible, apparaissent. Normal, on est au théâtre, il faut ces lumières, sinon rien ne fonctionne. Et les dix dernières minutes laissent entrer du lassant, du traînant, du prévisible alors qu’un pep’s vigoureux était partout avant. Pas assez de dinguerie d’un seul coup, du noir long et larmoyant. On a l’impression que le spectacle allait s’achever superbement et non, il se poursuit. Les fins sont parfois difficiles à gérer, comment se dire en effet qu’il faut sortir de cet univers, le laisser tomber, couper. Mais Alice, de l’autre côté est l’écho avant tout de talents multiples qui se sont croisés et font renaître des surprises dans tous les sens. Alors on ne va pas faire la tête pour dix minutes, ce serait dommage.