© Jean-Louis Fernandez
ƒƒ article de Isabelle Blanchard
Nous sommes accueillis par le metteur en scène qui nous parle de sa joie de voir un public de toutes les générations. Car Alice invite tous les âges. Il nous indique également que ce spectacle créé quatre saisons plus tôt a été retravaillé pour s’adapter à une scène, celle de l’Espace Cardin, plus petite que celle du théâtre Place du Châtelet, actuellement en travaux. Puis le spectacle commence.
Alice surgit du public comme un songe plus vrai que nature. Après nous avoir présenté la genèse du roman et la petite fille qui inspira Lewis Carroll et dont la photo est projetée sur le mur en fond de scène, la malicieuse Alice nous entraîne dans une histoire fantaisiste et lumineuse. Les sons aussi, autour de la scène et autour des spectateurs nous projettent dans cette histoire si farfelue. « Tout est possible puisqu’il ne m’arrive que des choses impossibles ! » nous dit Alice et Le public comprend vite qu’il tout peut arriver.
Fabrice Melquiot mêle habilement l’histoire de Lewis Carroll et les contes populaires, avec beaucoup d’humour. Ainsi tout le long de son parcours Alice va croiser des personnages de contes de fées : le Grand Méchant Loup, effrayant mais également tendre et charmant, le Petit Chaperon Rouge, jalouse de la notoriété d’Alice, Barbie, qui avec ses 43 de QI craint qu’Alice ne vienne lui faire concurrence sur le marché du jouet, Pinocchio, qui rêve de se rendre à Bergerac pour séduire Roxane et devenir Cyrano et des personnages du roman, le chapelier fou, le chat du Cheshire, le lézard, la chenille, la cruelle dame de cœur…
La scénographie, signée Yves Collet, est impressionnante, belle et magique. Un bassin au centre de la scène, rempli d’eau est visuellement très beau, cela crée des images incroyablement poétiques. Le passage de très petit à très grand est rendu grâce à de merveilleux rendus d’ombre. Le moment où Alice tombe dans le terrier du lapin nous laisse sans voix alors que la fantastique comédienne est suspendue à un élastique.
Toutefois tout n’est pas si gai et la difficulté de grandir est bien présente dans la quête d’Alice. De nombreuses questions philosophiques y sont abordées : l’engagement, le rapport au temps. Car grandir n’est pas chose aisée « Si le monde n’a aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? » nous interroge Alice.
La musique contribue également à ce mélange de joie et d’appréhension. La chanson Another brick in the wall des Pink Floyds ou encore Mad World des Tears for Fears sont interprétés par les comédiens et l’alchimie fonctionne, ajoutant un grain de folie dans la joyeuse absurdité de ce monde.
La pièce est une vraie fête entre conte comédie musicale et délire visuel, où la scénographie, les lumières, la projection d’images et l’interprétation impeccable des acteurs servent la magie et l’illusion. Et on en redemande.
© Jean-Louis Fernandez
Alice & autres merveilles de Fabrice Melquiot d’après Lewis Carroll
Mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
Assisté de Christophe Lemaire
Scénographie Yves Collet
Lumières Yves Collet et Christophe Lemaire
Vidéo Matthieu Mullot
Costumes Fanny Brouste
Masque Anne Leray
Compagnie Troupe du Théâtre de la Ville
Avec Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Sandra Faure, Philippe Demarle, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet, Walter N’guyen, Isis Ravel
Du 18 au 27 décembre 2018
A 14h30 ou 15h00 ou 19h30
Durée 1h15
Théâtre de la Ville – Espace Cardin
1 avenue Gabriel
75008 Paris
Réservation au 01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11h à 19h (sauf les jours fériés sans représentations)
www.theatredelaville-paris.com
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