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Adieu la mélancolie, de Roland Auzet, au Théâtre de la Croix-Rousse

Oct 24, 2022 | Commentaires fermés sur Adieu la mélancolie, de Roland Auzet, au Théâtre de la Croix-Rousse

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

ƒƒ article de Victoria Fourel

Rouge. Le plateau est rouge. Le petit livre qui a décidé du destin d’un grand pays est rouge. Et rouges, les rues l’ont été, pendant des années. Sur ce plateau rouge, artistes Chinois, Taïwanais et Français croisent leurs récits individuels, les événements connus et méconnus de la révolution culturelle de Chine. Et tentent de raconter, par tous les moyens possibles.

Tambour battant. C’est un spectacle qui démarre très fort. Dans un dispositif de scène hors-scène, les acteurs jouent un moment de travail à la table de l’équipe, résumant les faits historiques et engageant le spectateur aussitôt dans la démarche intellectuelle et artistique qui est la leur, avant même leur entrée au plateau. Il faudra un moment pour que tout s’installe pour le spectateur, car tout cela va très vite, est très intense. La parole est scandée, dense, les mots partent droit et fort, qu’ils soient contextuels ou poétiques. Ou les deux. C’est un spectacle extrêmement riche, autant en connaissances qu’en procédés visuels, et le regard tout comme l’oreille ne savent parfois plus où se poser.

Heureusement, tout finit par se mettre en route et le spectateur trouve ses repères. Là vient la sidération. La violence nue, sans fondement, de la révolution culturelle. La fétichisation de la culture chinoise, et par extension, de l’Orient, la posture des occidentaux sur Mao, les philosophes qui n’ont jamais fait marche arrière, les tortures, l’héritage silencieux de tout un pays. Les langues chinoise et française se répondent et se percutent grâce à une intensité dans les dictions qui donnent l’impression d’un texte asséné, percutant. Tout en retombant régulièrement pour faire entrer l’intime, l’individuel.

On sent que les très nombreuses idées et versants à exploiter donnent une difficulté : choisir. Lumières complexes, musique live, tops qui réveillent le public, vidéo projetée en direct, figuration… En arrivant dans la dernière partie du spectacle, on se pense sur le point de conclure, et cela peine un peu à arriver. On a l’impression de quelques redites et de quelques moments appuyés, que l’on aurait pu s’éviter. Mais le tout conduit à un très beau final que l’on a envie de s’approprier : se débarrasser, dire que l’on va bien, malgré tout.

Je fais partie de ceux et celles qui découvrent régulièrement qu’ils ne savent rien. C’est encore une fois le cas. On ne nous a pas appris, et l’on n’a pas regardé. Ici, j’ai regardé. Chinois et Français ont tenté de nous interroger et de trouver un terrain poétique pour se raconter, et dire adieu à la mélancolie.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

Adieu la mélancolie, de Roland Auzet

D’après Le Gène du garde rouge – Souvenirs de la révolution culturelle

Conception, texte, mise en scène : Roland Auzet

Adaptation : Pascal Ferran

Musique : Victor Pavel et INA ICH

Scénographie : Cédric Delorme-Bouchard

Lumière : Bernard Revel

Son : Julien Pittet

Vidéo : Nicolas Comte

Costumes : Bénédicte Étienne

Avec Yann Collette, Hayet Darwich, Jin Xuan Mao, Chun-Ting Lin, Thibault Vinçon, Angie Wang, Haoyang Wu, Yves Yan, Yilin Yang, Lucie Zhang, INA-ICh, Aurélien Clair.

 

 

Du mercredi 19 au vendredi 21 octobre 2022

Grande salle
Durée 2 h 10

Mercredi et vendredi 20 h, jeudi 19 h 30

 

 

 

 

Théâtre de la Croix-Rousse

Place Johannès Ambre

69004 LYON

Réservation au 04 72 07 49 49

www.croix-rousse.com

 

 

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