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La disparition de Josef Mengele, d’après l’ouvrage d’Olivier Guez, adaptation et jeu Mikaël Chirinian, La Pépinière Théâtre, Paris

Sep 12, 2025 | Commentaires fermés sur La disparition de Josef Mengele, d’après l’ouvrage d’Olivier Guez, adaptation et jeu Mikaël Chirinian, La Pépinière Théâtre, Paris

f f f article de Nicolas Brizault-Eyssette

La disparition de Josef Mengele. Que dire à part bravo et merci ? Les spectateurs s’installent dans ce joli théâtre, discutent et s’aperçoivent que les rideaux sont ouverts sur une scène encadrée de spots massifs et lourds, devant un mur-décor supportant des portraits de nazis, serrés les uns aux autres, l’affiche du film Marathon man, de John Schlesinger, un revolver, un microscope, une belle villa et sa piscine, la carte de l’Amérique du Sud, une première page de Libération, puis des valises au sol, des bouquins, etc. Un décor informations pourrait-on dire. Un homme est là, debout, et nous regarde. Silence. Cet homme est Josef Mengele, ce médecin, né en 1911 dans une famille d’industriels prospères, devenu le fort célèbre « Ange de la mort » après avoir été responsable de celle de près de quatre cent mille personnes à Auschwitz, entre 1943 et 1945. Des envois dans les chambres à gaz bien entendu, mais aussi des « recherches », essais et autres folies monstrueuses sur des hommes, des femmes et des enfants pour faire… avancer la médecine aryenne. Josef Mengele n’a pas été arrêté à la fin de la guerre, il a fui vers l’Argentine en 1949, est mort au Brésil, sur une plage, en 1949. Il a dû se dissimuler ici où là, recherché par les uns, soigneusement oublié par les autres.

La disparition de Josef Mengele est tout d’abord un ouvrage d’Olivier Guez, prix Renaudot en 2017, qui nous entraîne dans cette fuite, illustrant toutes les voies, les aides familiales ou autres ayant permis d’éviter un procès. Et jusqu’aux révélations de son fils, le 11 juin 1985, certifiant que le cadavre découvert sur une plage brésilienne était bien celui de son père. Olivier Guez invente une sorte de procès affrontant ce père et ce fils, utilise ce conflit pour nous montrer qui était Mengele, nous donne une idée de ses responsabilités, nous questionne : un tel être est-il imaginable, possible ? Les réponses sont douloureuses, mêlant les « difficilement » à des « non », alors que, peut-être, quelques « oui » rebondissent.

Ce spectacle nous informe, nous fait réfléchir, et donne envie de lire ce livre. Mikaël Chirinian a une force absolue, mêle rapidité des mots et des images, nous entraîne vers une réalité immonde. Les deux personnages surprennent ou donne envie de vomir, c’est selon. Et comment le silence a-t-il pu s’étendre sur cet homme ? Quel poids sur les épaules de son fils ? Ce spectacle est nécessaire. Ce jeu laisse bouche bée. La disparition de Josef Mengele est la course d’un fils contre son père, c’est un panneau sur lequel est inscrit « Tentez de vous souvenir ». Les mots et le décor se soutiennent, échos multiples. Le rythme est peut-être un peu trop rapide de temps en temps, la voix glisse et se reprend, on est au bord du trop à la fois. Détails minuscules, illustrations de toute la force qu’il faut sans doute pour nous offrir cela. Les bravos à la fin sortent facilement, oui. Et les remerciements.