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Nous sommes vivants, de Clotilde Mollet, mise en scène de Noémie Pierre, à La Scala Provence, Festival Off Avignon

Juil 16, 2025 | Commentaires fermés sur Nous sommes vivants, de Clotilde Mollet, mise en scène de Noémie Pierre, à La Scala Provence, Festival Off Avignon

ƒƒ article de Sylvie Boursier

Elle lui caresse la joue, attendrie « comme il est mignon… qu’est-ce qu’il est drôle », elle joue à la poupée certainement. Elle ira même jusqu’à lui faire des couettes, Hervé Pierre avec des couettes, vous imaginez ? Il obéit au doigt et à l’œil à sa grande sœur, le cœur sur la main, bouche cousue la plupart du temps, trotte menue dans son sillage. À quoi jouent ces deux-là ? À la vie, à la mort ? Un remake de Jeux Interdits ? Quel âge ont-ils ? 4 ans, 75 ans ? Cruelle, elle lui fiche la frousse, lui reproche de n’être pas fini, puis le console, son joli bébé. Tant qu’elle aligne ses chapelets de mots qui font oublier la peur, il est rassuré, des souvenirs éboulés flottent, des étoffes déchirées, des élans trop tôt suspendus. Elle rit, ils se marrent bien ces deux-là, est-on jamais fini, franchement ?

Un banc, une malle et des tentures parcourues de dessins colorés, d’arabesques dansantes, ça ressemble à une chambre d’enfant.

Ils sont vivants, tellement généreux, légers, si simples… Hervé Pierre est bouleversant avec sa partenaire, son épouse dans la vie, sa sœur à la scène qui fut aussi sa fille dans un spectacle précédent. Clotilde Mollet a la délicatesse d’une Madeleine Renaud qui rendait grâce au ciel des beaux jours qui lui étaient donnés, enterrée vivante et indéboulonnable d’optimisme.

Leurs souvenirs, ce sont les nôtres, ils portent nos lézardes, c’est nous qui jouons avec eux pour ne pas mourir. À la fin le couple rassemble ses accessoires, plie bagage, ne reste plus que la servante, allumée dans le théâtre. Nous rentrons chez nous. Allez les voir !