Critiques, Evènements, Festivals // Mother Tongue, de Lucía García Pullés, aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et de Nuit Blanche 2025

Mother Tongue, de Lucía García Pullés, aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et de Nuit Blanche 2025

Juin 18, 2025 | Commentaires fermés sur Mother Tongue, de Lucía García Pullés, aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et de Nuit Blanche 2025

 

© Oscar Chevillard

 

ƒƒ article de Nicolas Thevenot

Au plus près de nous, une langue, rose, rouge, humide, brillante dans sa gangue de salive, se tortille. La langue, organe indispensable à la parole, qui s’offre même en synonyme au langage, embrasse à la fois intériorité et extériorité. Elle est de toutes les fêtes et dans toutes les têtes, on n’a que ce mot à la bouche. Lucía García Pullés investit dans Mother Tongue un terrain riche dramaturgiquement et plus encore l’envisage non comme simple appendice mais comme maître d’œuvre de son ouvrage chorégraphique et performatif. Car c’est bien elle qui tire à elle toute la couverture dès les premiers instants, quand même elle serait encore invisible, produisant de bizarres contorsions dans le visage et révulsions dans les yeux de son hôte, avant de se faufiler enfin hors de la bouche, et de se mouvoir en toute liberté, et d’entraîner dans ses valses folles le reste de la tête et du visage. Le corps même apparaît ici comme le prolongement de ce petit muscle mouillé, lui obéissant au doigt et à l’œil. Virtuosité rare et travail de dissociation acrobatique qui produisent de surprenant effets burlesques.

La chorégraphe et interprète en symbiose avec son sujet est vêtue de vinyle : haut rouge et shorty noir. Cette matière, fluide et brillante, convoque autant la souplesse agile de ce muscle, l’élasticité de son tissu que l’univers fétichiste. Les deux fusionnent dans une sorte de trouble qui rend bien grâce à la nature particulière de cette langue qui selon les bonnes mœurs ne saurait ainsi s’exhiber.

Lorsque la musique se fera dance floor, le corps trouvera la sinuosité de cette langue, ses torsions comme ses élancements. La chorégraphie de Lucía García Pullés est au cordeau, elle s’écrit dans la profondeur obscure de la salle des Laboratoires d’Aubervilliers, pareille à une gorge profonde. Et si le corps se révèle en mouvements sous la dictée d’une langue tout au long de cette pièce, Mother Tongue conclura sa singulière exploration par un ultime déplacement vers la fabrique de la voix. La langue semble avoir disparu, elle est bien pourtant encore la chorégraphe des soubresauts, soulèvements, et autres affaissements qui animent un corps quand il se met à parler.

 

© Oscar Chevillard

 

Mother Tongue : chorégraphie et interprétation de Lucía García Pullés

Regard extérieur : Marcos Arriola

Création sonore : Aria « Seashell » de la Celle

Création costume : Anna Carraud

Création lumière : Carol Oliveira

Coach vocal : Daniel Wendler

Collaboration artistique : Sophie Demeyer, Volmir Cordeiro,

 

Durée : 45 minutes

Le 7 juin 2025 à 21h30

 

Les laboratoires d’Aubervilliers

41, rue Lécuyer

93300 Aubervilliers

http://www.leslaboratoires.org

Tél : 01 53 56 15 90

 

Dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et de Nuit Blanche 2025

Mother tongue sera repris du 22 au 25 octobre à la MC93 dans le cadre du programme Common Stories

 

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