©  Jessica Mottier

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

304 jours, cela peut paraître court, long, c’est selon. Ici, c’est la seconde version qui l’emporte, la longueur, la lenteur, pas pour le spectateur, qui se laisse attraper, mais bien pour ces pauvres personnages, garçons et filles, qui se voient plongés dans leur service militaire et qui en tremblent, en soupirent déjà, ou parfois la même jeunesse qui s’étaient imaginé que l’armée pourrait être un univers tout à fait positif pour elle, pourrait leur offrir une nouvelle vie, un boulot, sans doute mille autres choses encore, les unes plus extraordinaires que les autres.

304 jours, c’est la durée du service militaire. Rendez-vous compte. Trois cent quatre, ça sonne bien, prononcé comme ça, légèrement anguleux, claquant, oui, on peut y voir tant d’aventures extraordinaires. Oui, de loin. Très vite ces petits jeunes comprennent que cette année raccourcie va être lente, terrifiante et lourde. Les ordres, les coups de sifflets et autres courses vont débouler non-stop. Apprendre à faire son lit va même être une aventure des plus périlleuses. Alors s’imaginer faire de beaux rêves, pensez donc.

304 jours, a été écrit et mis en scène par Karim Hammiche, issu de ses propres souvenirs et d’autres témoignages, sur le service militaire et ce qu’il est désormais, depuis 2019, le SNU. En somme, une trentaine d’années, trois générations dans lesquelles se trouvent un jeune appelé, une femme militaire et une autre, volontaire de ce Service national universel. « Le Service national universel est un service civil qui s’adresse à tous les jeunes de 15 à 17 ans souhaitant vivre une belle expérience collective, se rendre utile aux autres, créer des liens forts et se découvrir un talent pour l’engagement ! ». Voici comment est décrit ce service sur son site. L’image donnée va être ici légèrement différente.

304 jours nous parle de peur, d’abandon, de solitude en même temps qu’une toute nouvelle camaraderie apparaissant pour se serrer les coudes. Et c’est presque une micro société qui va être dessinée à travers ce que vont vivre Ariski, Lou et Sandrine, avec du positif, des militaires à la grosse voix et pas méchants du tout, impressionnants, c’est tout, et du plus que négatif, du racisme, de l’antisémitisme, etc. Bref, ils ne rigolent pas et nous non plus. Ce spectacle donne envie de le voir à côté de militaires qui ne mordent pas et donnent leur vision de ce spectacle et de ce qu’il illustre. Histoire d’avoir une idée des plus justes.

304 jours, ceux du jeune appelé, de la militaire et de la volontaire du SNU ont une force phénoménale, et fabuleuse pourquoi pas, avec cette mise en scène ultra sobre qui pousse notre imagination à créer, inventer. Un décor comprenant trois sacs, un lit, le tout entouré de deux écrans gigantesques, rétrécissant l’espace, mais sur lesquels apparaissent des dessins et croquis simples et forts de Mathias Bourdelier : militaires en rangs, forêt boueuse, des champs, des visages paumés, images illustrant ces longues journées et ces nuits courtes passées sous les drapeaux. Par contre, ces histoires qui vont et viennent, ces trois personnages différents n’ont pas forcément une très claire « (re)présentation ». Qui est qui ? On parle d’un homme ou d’une femme ici ? Et là ? On est tenté parfois de pousser une gueulante pour que les choses soient plus claires. Garde à vous ! Mais c’est le seul souci pourrions-nous dire. Repos ! L’espace étroit nous coince nous aussi, nous avons presque la trouille, nous sommes en sueur et les coups tombent. Karim Hammiche veut faire réfléchir les générations actuelles, leur parler de ce qu’il a pu vivre, ressentir pendant son service, tout comme les juifs, les trop gros, les trop petits, les moches, etc. Nous sommes dans une histoire vraie inventée en quelque sorte. Une histoire qui montre comment ces d’un seul coup paumés vont apprendre à voir, ressentir, écouter pour de vrai, faire attention. Le côté négatif et positif de ces 304 jours ?

© Jessica Mottier

304 jours, texte et mise en scène de Karim Hammiche

Dramaturgie : Leïla Anis

Musique : Viviane Hélary

Création lumière et mapping : Nicolas Helle

Régie et univers sonore : Tony Bruneau

Costumes et accessoires : Laura Voisin

Chargé de production : Sébastien Rocheron

Chargée de diffusion : Houria Djellalil

Production : Compagnie de L’Œil brun

Coproductions L’Atelier à Spectacle – Scène conventionnée d’Intérêt National de l’Agglo du Pays de Dreux (28), La Halle aux grains – Scène Nationale de Blois (41), Le Théâtre de Chartres – Scène conventionnée d’Intérêt National (28), L’échalier – Agence Rurale de Développement Culturel (41) Soutiens DRAC Centre-Val de Loire, Conseil Régional Centre-Val de Loire, le 104 – Paris, Centre culturel François Mitterand à Lure (70), Scène O Centre, Conseil Régional Bourgogne-FrancheComté, SACD, Théâtre d’Auxerre – Scène conventionnée d’Intérêt National (89), Dianetum – Anet (28), Espace Renaudie – Aubervilliers (93)

Du 4 au 27 mai 2025

Les lundis et mardis à 19h15

Les dimanches à 17h30

Durée : 1h10

À partir de 13 ans

Attention : lumières proches des stroboscopes parfois

Théâtre de Belleville

16 Passage Piver

75011 Paris

Réservation 01 48 06 72 34

www.theatredebelleville.com

Tournée :

2 et 3 octobre 2025 : La Halle aux grains – Scène Nationale de Blois (41) 4 octobre 2025 : L’échalier – Agence Rurale de Développement Culturel (41)

16 Janvier 2026 : Centre culturel François Mitterrand – Lure (70)

2 avril 2026 : Théâtre d’Auxerre (89)

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