© Alain Monot
ƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
L’Oiseau-lignes est un spectacle des plus surprenants. Des plus suspendus devrions-nous dire. Un long mur noir s’approche discrètement du fond de la scène, sorte de tableau de classe géant, avec, suspendue et le surplombant, une ligne blanche, comme de fins tubes « assemblés » les uns aux autres. Joli mystère qui donne très envie d’être résolu grâce à l’arrivée sur scène des deux créatrices de ce spectacle, Chloé Moglia et Marielle Chatain, la première bientôt suspendue étrangement au-dessus de cet univers sombre, la seconde s’occupant principalement du son, de la musique peut-être, penchée sur un univers électronique répandu sur une table.
Tout d’abord, une sorte de cérémonie au trait par trait : une femme en trace un, sa camarade un autre et en naissent grâce à ces réponses des personnages étonnants, allant jusqu’aux poissons gigantesques, passant par un musicien, des étoiles sans doute, on imagine et un univers s’épanouit… avant d’être effacé. Chloé Moglia s’élance vers cette grande ligne métallique et mystérieuse, équilibriste s’étend entre le mur et le trait étrange, se suspend à celui-ci, le défait et petit à petit l’immense ligne n’est plus que traits suspendus, à l’utilité étrange.
Comment faire pour avancer, revenir, se retourner, utiliser son autre bras ? Vivre en quelque sorte ? On ne sait pas. Plus rien de la légèreté presque lumineuse du départ. Impression seule que l’on veut nous montrer le talent d’équilibriste et de musicienne des deux. Oui, sans doute. Celui de créatrices est plus complexe. L’idée semble être la même depuis le départ, l’avancée ne paraît pas souhaitée, la respiration non plus. On est suspendues, on crée, on efface, la musique résonne pour L’Oiseau-lignes. Mais le message ne passe pas, l’attention, elle ne semble pas vouloir se suspendre à nous. La craie, les tableaux… On est ailleurs. Le regard file vers le haut de la scène alors que les panneaux immenses se mettent à bouger, souhaitent sans doute impressionner et hélas se retournent presque, nous montrent leur dos « technique », perdant la mini note de poésie qu’ils avaient pu obtenir avec tous ses dessins, personnages, oiseaux qui s’effacent au fur et à mesure. On cherche un sens, une idée, un mystère quelconque. On trouve une lenteur, du « talent acrobatique ». C’est lent, long, la musique n’attire pas vraiment non plus. Chloé Moglia et Marielle Chatain prennent un plaisir fou, c’est toujours ça. On se dirigeait vers un univers somptueux et remuant, à l’originalité folle et entraînante. On rencontre deux femmes, une musique et suspensions des plus étranges et longues n’en finissent pas. Bravo pour ce travail, cette force extraordinaire et surprenante. C’est à peu près tout. Le sens s’est envolé.
© Alain Monot
L’Oiseau-lignes, de et avec Chloé Moglia et Marielle Chatain
Direction artistique : Chloé Moglia
Création musicale : Marielle Chatain
Dispositif sonore : Valérie Bajcsa
Création lumière : Coralie Pacreau
Costumes : Clémentine Monsaingeon
Scénographie : Équipe Rhizome
Ligne de suspension (conception et réalisation) : Éric Noël et Silvain Ohl
Régie plateau : Philippe Marie
Régie son : Valérie Bajcsa
Régie lumière : Coralie Pacreau
Du 8 au 13 avril 2025
Mardi, mercredi et vendredi à 20h30
Samedi à 19h30 – dimanche à 15h
Relâche le jeudi 10 avril
Durée 1h
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Salle Renaud-Barrault
www.theatredurondpoint.fr
Tournée :
22-24 mai 2025
Les Gémeaux, Scène Nationale de Sceaux
49, avenue Georges Clemenceau
92330 Sceaux
www.lesgemeaux.com
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