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Le Rouge et le Noir, d’après Stendhal, adapté par Catherine Marnas et Procuste Oblomov et mis en scène par Catherine Marnas, Théâtre des Célestins, Lyon

Jan 27, 2025 | Commentaires fermés sur Le Rouge et le Noir, d’après Stendhal, adapté par Catherine Marnas et Procuste Oblomov et mis en scène par Catherine Marnas, Théâtre des Célestins, Lyon

 

© Frédéric Desmesure

 

ƒ article de Paul Vermersch

Pour entrer le plus justement dans le spectacle peut-être faut-il s’aligner sur ce qu’il recherche, c’est-à-dire, si on le résume simplement : raconter l’histoire du livre de Stendhal, Le Rouge et le Noir. On ressort de salle avec le roman bien en tête, ranimée par le plateau, après avoir retraversé les aventures de Julien Sorel à Besançon et à Paris pendant un peu plus de deux heures. Néanmoins le projet de cette adaptation ne semble pas encore très clair et la modalité d’énonciation qui est choisie pour raconter le roman (très chargée en effets) empêche un peu d’entrer dans la profondeur des situations.

L’angle qui est choisi pour convoquer le roman est vraiment celui de la vulgarisation : les acteur.ices au plateau endossent tous.tes une fonction narratrice et le spectacle est en réalité une alternance de résumés très didactiques sur l’histoire de Julien, adressés face au public, et des moments pris davantage dans des situations concrètes, qui abordent ce qui vient d’être raconté mais par le jeu. Assez vite ce dispositif trouve sa limite en ce qu’il devient redondant : on entre dans un rythme répétitif qui désactive tous les effets d’intrigue, et par la même, lasse un peu. L’événement est d’abord raconté par certain.es acteur.ices puis il est joué par les autres. La forme devient très illustrative et surtout l’aspect répétitif de cette manière de raconter vient lisser la tension dramatique du spectacle. Tout nous est donné, de la même manière, dans une intensité qui ne varie que par l’état des comédiens mais jamais par la forme du propos. Ceci dit, on note tout de même de petites percées dans le dispositif, des moments qui viennent chercher à venir décaler cette modalité d’énonciation : on a accès aux scènes d’intimité entre les personnages par la caméra ce qui d’un coup ouvre un nouvel espace de narration plus opérant. Parce qu’on est déconnecté de la physicalité des narrateur.ices, leur voix nous parvient davantage comme une voix-off, les gros plans orientent notre regard, la forme du spectacle devient d’un coup plus proche de l’action même du roman, le dispositif s’efface, on accorde plus de crédit à la situation, probablement parce que cette tension entre raconter (la narration) et montrer (la situation) est résolue dans et par l’image. Un procédé qui consiste à cacher le théâtre par le cinéma, donc peu théâtral, mais efficace.

Dire encore un petit mot sur le choix de la direction d’acteur : là encore ce n’est pas très net ce qui est recherché. On est à la fois dans des personnages extrêmement composés, de manière d’ailleurs un peu imprécise, dont on voit beaucoup les coutures et qui ne sont pas égaux les uns les autres, et en parallèle, des moments beaucoup plus formels, d’un jeu plus droit, plus sérieux. On sent là aussi un point de tension dans la mise en scène qui demeure irrésolu : le spectacle s’ouvre avec une phrase d’Édouard Louis sur la question d’être transfuge de classe, on pressent très fort la volonté de dresser Julien Sorel comme un homme à l’ascension sociale impossible, un peu comme une victime du système de son époque. C’est ce regard critique qui n’est pas très précis en réalité : les figures qui entourent Julien dans son aventure sont toutes prises par la dérision, l’excès, la satire. Et on se retrouvent dans un schéma où les personnages principaux (les gentils) sont traités sérieusement, on leur octroie du crédit, et les autres sont des bouffons, des clowns. Une répartition assez simpliste qui finalement se limite à une compréhension un peu caricaturale du roman, et qui lui sape toute une partie de sa complexité, de son intérêt.

 

© Frédéric Desmesure

 

 

Le Rouge et le Noir, d’après Stendhal

Mise en scène : Catherine Marnas

Adaptation : Catherine Marnas et Procuste Oblomov

Avec : Simon Delgrange, Laureline Le Bris-Cep, Tonin Palazzotto, Jules Sagot, Bénédicte Simon dramaturgie Procuste Oblomov

Assistanat à la mise en scène : Odille Lauria

Scénographie et régie générale : Carlos Calvo

Création sonore : Madame Miniature

Lumière : Michel Theuil

Vidéo : Ludovic Rivalan

Costumes : Catherine Marnas

Assistanat aux costumes : Kam Derbali

Régie plateau : Christophe Robert

Régie son : J Kristoff

Régie lumière : Damien Pouillart

Régie vidéo : Cyril Babin

Administration générale : Claude Poinas

Diffusion : Pascal Fauve – les2bureaux.fr

 

Du 21 au 26 janvier 2025

Durée : 2h20

 

Théâtre des Célestins

4, rue Charles Dullin

69002 Lyon

www.theatredescelestins.com

 

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