© Christophe Raynaud de Lage
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
Akil est un petit bonhomme de 9 ans ou plutôt de 3 285 jours et quelques, comme il vous le dirait. Il est né avec une malformation cardiaque, naissance silencieuse, sans un cri, informant tout de suite le danger terrible comptant ses jours, pour allonger le temps. Son papa, visiblement, a trouvé mieux à faire ailleurs. Sa maman Maswala est seule, sauf sa mère, les gens du village et le sorcier. Régulièrement Akil semble passer dans un autre monde, son cœur se lasse, le sang refuse de se promener correctement. La mort est presque victorieuse et rit déjà. Quelques gouttes d’un produit miracle le sauve à chaque fois, jusqu’à quand ? Une opération est possible et coûte une fortune. Impossible, la mort se frotte les mains.
Puis Maswala apprend qu’un marathon est bientôt organisé, pas très loin, et que le vainqueur gagnera une fortune, permettant largement de régler cette fichue opération. Elle s’entraîne, s’entraîne, surprend avec son talent immense, s’inscrit à cette course. Tout son village la soutient. Mon petit cœur imbécile est un spectacle adapté d’un roman de Xavier-Laurent Petit. Fatma-Zahra Ahmed et Romain Njoh sont seuls sur scène et nous emportent pendant cette micro heure. En s’installant, en voyant nos voisins et nos voisines, tout jeunes et très heureux d’être au théâtre on pense un instant comme quelques voisins, qu’on est certainement un peu âgé pour voir ce spectacle et qu’heureusement il est court. On laisse toutes nos affaires au vestiaire, comme on nous le demande et nous nous installons sur des seaux retournés, entourant presque ce futur spectacle. On sait que cette danseuse hip-hop nous retournera la tête, soutenant l’âme de ce comédien. Oui… Mon petit cœur imbécile débute et nous sommes pris ! Pas complètement bien sûr, nous restons des grands, mais le travail de ces deux-là, juste devant nous, tout près, gesticulant face et sûr un décor surprenant, est victorieux. Pas d’autres mots. On voit la force du combat de cette mère, prête à tout pour sauver son gamin, on sent ce gamin justement, sachant qu’il est sans doute perdu, mais capable de récupérer une force… fragile pourrait-on dire et qui le soutient aussi. On nous raconte l’histoire, les personnages, eux, parlent peu, ils dansent, nous étonnent, surprennent, font peur joyeusement. Pas un mot dans la salle, les enfants sont sages, comme absorbés par cette histoire sinistre. Cet enfant dont les jours sont comptés, sa mère qui transforme sa vie pour tenter de le sauver. Et le hip-hop. Les mots, la musique. Ce duo nous rend complices de leur combat, nous sommes prêts à nous lever et les rejoindre, non pour le hip-hop, certes, mais pour donner davantage de force à l’espoir. Fatma-Zahra Ahmed et Romain Njoh tentent d’ailleurs d’ouvrir les portes entre la scène et les petits seaux retournés. Ça ne fonctionne pas tout à fait. Gamins et grands sont timides. Mais la mère et le fils y parviendront c’est certain.
Rien de larmoyant dans Mon petit cœur imbécile juste la nécessité du combat, ne pas baisser les bras et s’unir. Et un grain d’humour. Une mère prête à tout pour son fils, le hip-hop offre des images parfaites pour souligner tout ça. Il n’y a pas vraiment de jeux de lumière, le son, ces voix semblant venir d’ailleurs nous surprennent tout de même. Nous sommes en plein conte et Fatma-Zahra Ahmed et Romain Njoh, ceux de la régie, visibles et tout proches, nous y font croire tout en nous laissant à même la réalité. Leur talent rebondit, l’histoire courte se transforme en un destin magique. L’amour d’une mère, prête à risquer sa vie dans un marathon pour sauver son fils. La fatalité qui rentre chez elle, boudeuse. Un spectacle pour gamins, certes, mais qui donne envie de réfléchir, d’aller de l’avant.
© Christophe Raynaud de Lage
Mon petit cœur imbécile, de Xavier-Laurent Petit
Adaptation : Catherine Verlaguet
Mise en scène : Olivier Letellier
Chorégraphie : Valentine Nagata-Ramos
Assistant à la mise en scène : Guillaume Fafiotte
Scénographie : Cerise Guyon
Création son et musique : Antoine Prost
Création costumes : Augustin Rolland
Création Tréteaux de France
Avec Fatma-Zahra Ahmed et Romain Njoh
Du 24 janvier au 1er février 2025
Goûter philo : samedi 1er février 2025, à 16h
Durée : 55 minutes
Tout public à partir de 9 ans
Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt – Coupole
2, place du Châtelet
75004 Paris
Réservation : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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