© Joseph Banderet
ƒƒƒ article de Hoël Le Corre
La silhouette d’un homme assis se dessine au centre de la grande scène du chapiteau. Ses haillons, sa tête courbée, sa précipitation à tendre une main suppliante lorsqu’une ombre passe devant lui : ce jeune homme est un mendiant, un marginal, de ceux qui cherchent la chaleur humaine dans un regard, une main tendue, un sourire. Mais il nous apparaît bientôt sous un tout autre jour : il est aussi de la trempe des clowns, attendrissant et cocasse, déconcertant et surprenant. Entouré de ses neuf complices circassiens, il se lance dès l’ouverture du spectacle dans sa quête effrénée pour faire partie du groupe, entrer en contact avec ses presque-semblables, suivre la chorégraphie quotidienne des passants ordinaires. Et dès l’ouverture donc, c’est un ballet d’acrobaties, de pirouettes et de voltiges aux quatre coins de la scène, qui se déploie sous nos yeux. Le ton est donné : Moya, qui signifie âme dans l’une des langues d’Afrique du Sud, sera un spectacle rythmé, coloré, où l’énergie n’aura d’égale que la fluidité et où la performance physique se mêlera à la grâce des corps en mouvements. À l’image de la nation rêvée par Nelson Mandela, Moya tisse le portrait d’une jeune génération turbulente autant que solidaire, dévorant la vie avec enthousiasme et le rêve que la tolérance permet de vivre ensemble dans la joie et l’épanouissement de chacun.
Et comme souvent, sur les scènes de cirque, la singularité de chaque artiste se décline dans les différents agrès utilisés. Moya n’échappe pas à cette règle, et on y retrouve ce qui fait le sel de la tradition circassienne : le trapèze, le jonglage, le tissu aérien, la roue Cyr et autres ingrédients présentés avec virtuosité. Et lorsqu’un même artiste revient dans plusieurs disciplines, on se rend compte que ces individualités-là recèlent bien des talents ! Les solos, révélant la virtuosité de chacun, alternent avec des tableaux de groupe où la danse s’empare des corps, faisant surgir la complicité du groupe qui irradie dans tout le chapiteau, les spectateurs ne pouvant s’empêcher de frapper des mains en rythme pour accompagner les moments de gaité communicative.
Portée par la musique omniprésente de Josh Hawks, la générosité de ses artistes, qui ne semblent pas soumis aux mêmes lois de pesanteurs que le commun des mortels, pétille de couleurs et d’humanité. Le clown solitaire finira même par trouver sa place dans le groupe. Moya semble bien être le spectacle parfait pour accompagner cette période de fêtes hivernales !
© Joseph Banderet
Moya, par Zip Zap Circus
Metteur en scène : Brent van Rensburg
Compositeur : Josh Hawks
Collaborateurs : Nikolas Pulka, Sabine van Rensburg, Brin Schoellkopf
Circassiens : Jason Barnard, Luqmaan Benjamin, Bridgette Berning, Jacobus Claassen, Masizakhe Kovi, Vuyani Lottering, Akho Narwele, Phelelani Ndakrokra, Matthew Risk, Lukhanyo Samson
Chorégraphie : Adele Blank
Costumes Catherine Lourioux
Assistante costumes Beaura Jacobs
Production : Elizabeth Barnard-Scott, Xavier Gobin
Production : Zip Zap Circus
Coproduction : Productions Hors Jeu, Points communs – Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise, La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Avec le soutien de L’Institut français à Paris, Le Radiant-Bellevue, Caluire et Cuire / Lyon, Le Pin Galant de Mérignac, L’Établissement public du Parc et de la Grande Halle de La Villette – Paris
Du 11 au 29 décembre 2024
Mercredi et dimanche vendredi à 16h
Jeudi à 19h
Vendredi à 20h
Samedi à 18h
Durée : 1h
Espace Chapiteau de la Villette
211 Av. Jean Jaurès
75019 Paris
Réservations : 01 40 03 75 75
www.lavillette.com
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