© Christophe Waksmann

ƒ article de Nicolas Thevenot

La danse travaille et émane d’un territoire : social, culturel, et bien sûr géographique. Dans le cas du hip-hop, la question du lieu, espace urbain, cité de banlieue, est encore plus prégnante (au risque de la réduction et du préjugé). Le projet du chorégraphe Hamid Ben Mahi de s’intéresser à l’architecture, à l’urbanisme, à ce qu’habiter veut dire, apparaît donc particulièrement pertinent. Un échafaudage à jardin en forme de tour et au centre un immense écran où flottent de beaux nuages blancs dans un ciel bleu forment l’image de départ. Puis, dans l’obscurité, des lampes-torches s’agitent et pénètrent une mémoire endormie. I-3 · être habitant est une sorte de récit réflexif, initié par Hamid Ben Mahi, puis partagé choralement par les cinq interprètes de la pièce. Récit dansé, récit mosaïque par la variété des matériaux qui vont le constituer : vidéo, musique, paroles-témoignages et danse. Il y a l’efficace des solos hip hop portés par des interprètes avec de vraies singularités, pareils à des chaînons faisant tenir l’ensemble, il y a également des séquences de groupe, et l’on perçoit dans cette structuration et ces alternances comme une analogie posée avec la question même de l’habitat individuel ou collectif, ou celle du vivre sa vie conjuguée au vivre ensemble. Si certains passages se réduisent à faire exceller le geste hip hop, I-3 · être habitant est à son meilleur lorsqu’il n’hésite pas à mêler hardiment ses composantes, vidéo, danse, paroles et musiques, mixés ainsi sur un même plan sans qu’aucune de ses parties ne surplombent les autres : ainsi de cette scène inaugurale, puisant dans la fougue d’un célèbre concerto pour piano de Bach, déplaçant les corps vers une nouvelle partition conjuguant la géométrie des bras coudés à celle des ensembles architecturaux projetés sur l’écran sur fond de l’enivrante rigueur mathématique de la musique de Bach, lorgnant même enfin vers un répertoire folklorique, enjoué et renouvelé, loin de tout passéisme. Ou encore ce final porté par la grâce d’une sonate au claire de lune de Debussy, où les corps fusionnent intériorité lyrique et extérieur nuit. I-3 · être habitant formule ainsi qu’habiter ensemble poétiquement le monde, c’est être habité soi-même : par un air de musique, par la féérie d’une danse.

I-3 · être habitant, chorégraphie de Hamid Ben Mahi

Interprètes : Hamid Ben Mahi, Frédéric Faula, Anthony Mezence, Elsa Morineaux et Marine Wroniszewski

Création vidéo : Christophe Waksmann

Environnement sonore : Sébastien Lamy

Mise en lumière : Antoine Auger

Construction éléments de décor : Jean-Luc Petit

Images : Christophe Waksmann et Irvi

Durée : 1h

Le 20 décembre à 20h

Théâtre Louis Aragon

24 boulevard de l’Hôtel de Ville

93290 Tremblay-en-France

Tél. 01 49 63 70 58

https://theatrelouisaragon.fr

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