© Sukmu Yun
ƒƒ articles de Denis Sanglard
Dragons, dernière création de la chorégraphe sud-coréenne Eun-Me Ahn, porte un regard sur la génération z, génération 2.0 pour qui il n’y a rien de plus naturel qu’internet, le smartphone et ses applications multiples. L’occasion également d’apporter une sacrée touche de technologie à cette chorégraphie, comme toujours, sur-vitaminée. Impacté par la pandémie de COVID, n’ayant donc pu travailler « en présentiel » avec les jeunes adolescents auditionnés à travers cinq pays asiatiques, de l’Indonésie au Japon, pour le projet initial, une interrogation sur leur appréhension du monde et de leur pratique de la danse, le dragon qui est en eux, c’est par le petit écran que tout s’est organisé. Et sur le plateau c’est leur projection holographique qui s’intègre à la danse « en live » de la troupe permanente d’Eun-Me Ahn. C’est épatant, il faut le dire. Eun-Me Ahn s’en amuse, qui explore et intègre malicieusement dans la chorégraphie comme dans la scénographie, sans jamais en abuser, cette nouvelle potentialité virtuelle. Cela n’impacte en rien l’énergie folle qui traverse cette danse survoltée qui intègre dans le mouvement toujours véloce aussi bien les techniques traditionnelles des danses asiatiques, du cirque acrobatiques, de la danse contemporaine, hip-hop inclus. L’art de la confrontation et de la synthèse, identité de cette chorégraphe pour qui la danse dans sa diversité est une véritable source d’inspiration mais aussi de partage. Véritable kaléidoscope tournoyant, bouillonnant, pétillant, le résultat est étourdissant et vous donne un sacré tournis. Et joyeux avec ça. Toujours ce côté pop et acidulé, ces couleurs vives qui pètent, les strass, ces costumes chatoyants unisexe, et cette musique techno revisitée qui tambourine sec et mène fissa à la transe. Avec ça ici un art du bricolage rigolo par l’utilisation singulière de tuyaux, gaines de chauffage argentées et souples, qui vous métamorphose les corps et la danse… Et puis les apparitions d’Eun-Me Ahn, entre loufoquerie, beauté pure et étrangeté et surtout beaucoup, beaucoup de malice. L’ensemble n’est pas exempt de gravité parfois, que signe des costumes soudain sombres. Mais sous les amples corolles des robes noires apparues le temps d’une danse de derviches sautillants, les doublures sont toujours aussi colorées.
© Sukmu Yun
Dragons, chorégraphie de Eun-Me Ahn
Musique Young-Gyu Jang
Création lumières Jinyoung Jang
Vidéo Taesok Lee
Technique Jimyung Kim, Céline Galin, Thomas Boudic, Alexandre Pluchino
Avec sur scène Eun-Me Ahn, Kyoungmi Hwang, Hyekyoung Kim, Jeeyeun Kim, Yougjai Cho, Uiyoung Jung, Kyungmin Kim, Hyeontaeck (Corée du sud)
A l’écran Jiwan Jung (Corée du Sud), Akari Takahashi (Japon), Sino Setyanto, Dwi Nusa Aji Winarno (Indonésie), Nur Syahidah Hazmi (Malaisie), GuanTing Zhou (Taïwan)
Du 28 Septembre au 2 octobre 2021 à 20 h
Théâtre des Abbesses
31 rue des abbesses
75018 Paris
Réservations 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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