© Filip Van Roe
ƒƒ article de Nicolas Brizault
Faun, Matter, Pure, Debt, Sin, construisent 4D+, le dernier « produit » de la collaboration entre La Villette et Sidi Larbi Cherkaoui travaillant ensemble depuis 2010. Cinq instants qui nous emportent plus ou moins, c’est selon, cela fonctionne comme ça parfois. Matter, clichés entre l’est et l’ouest. Pure… la pureté. Debt, débiteurs et créanciers. Sin, co-créé avec Damien Jalet, vie et mort, intimité du couple.
Faun, faune et nymphe cherchant à ne faire qu’une « entité unique, hybride, féminine et masculine ». D’où le titre un peu restreint ? En dehors de ça, ces deux femmes nous emportent, nous plonge dans un combat sensuel, une lutte nécessaire, ou effectivement cette union évidente apparaît, et peu à peu est victorieuse, après la peur, les questions. Tout ça par contre devant une photo géante de sous-bois, façon carte postale. Et la musique de Claude Debussy Prélude à l’après-midi d’un faune, avec l’ajout d’une musique additionnelle de Nitin Sawhney est ni plus ni moins transformée en un son trouble de supermarché à cause de sa mauvaise qualité de transmission.
Nous sommes toutefois emportés, le spectacle a commencé. Eh bien il s’arrête, après un mini quart d’heure, pour changement de décor ! Lumière, conversations qui reprennent, ou spectateurs s’écrasant au sol, c’est selon. Organisation surprenante pour le moins, décevante pour tout dire.
Les duos suivants ne nous feront pas la même blague lumineuse, sauf bien sûr celle des aléas terrifiants stroboscopiques. Et la musique, le chant apparaissent et là, en plus de la qualité de la danse, c’est époustouflant. Vient ici ou là un coup de règle sur les doigts, on ne regarde plus que les musiciens, ce n’est pas bien, nous devrions être ouvert à l’ensemble… Les duos glissent vers du théâtre dansé, et mine de rien, cela fonctionne, même si Debt ne glisse pas vers une certaine longueur, nous avons compris, oh oui, ce n’est pas bien les sous. Certaines petites surprises sont utilisées encore, encore, voire même encore. Alors oui, là nous écoutons avec joie plus que nous ne regardons, et le bonheur explose, évident.
Ensuite le plaisir musique/danse se re-ligote et fonctionne tout à fait dans les deux moments qui suivent, tout d’abord où une femme seule en apparence, évolue dans sa journée on ne peut plus simple. Mais tous ses mouvements sont construits par un autre corps, qui devient manteau, rouge à lèvres, fauteuil (après avoir été un gorille magnifique ce danseur-chanteur-musicien Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki). Ensuite, impression du bien et du mal, de la souffrance et de son envers où une femme quitte le blanc pour se noyer dans des touches allongées de peintures noires, qu’elle cherche à partager ensuite avec l’homme qui l’accompagnait, la laisse seule, revient. Très fort ici aussi.
Passage au Japon aussi, des écrans apparaissent une foule citadine est face à nous et un homme sur scène tente de la rejoindre, y arrive, se voit refoulé, nous sentons son incompréhension perdue de ne pas y arriver, de ne pas avoir l’indifférence de ceux et celles qui sont sur cette image devant lui. Qui est paumé véritablement ?
En fait, le vivant nous emporte bien mieux, est-ce le propos même ici ? Pourquoi chercher à le savoir ? Regardons, écoutons. Débarrassons-nous sans doute des blablas prétentieux qui pourraient au trois quart s’intervertir entre les thèmes de 4D+, le talent ici ou là, souvent avouons-le, nous enlève, nous élève. Corps, musique, voix. Images et sons. Pas content de tout ? Pas enlevé partout ? Mais tout de même, oui, assez heureux, comme remué. Alors beaucoup plus de oui l’emportent, les non restent bruyants derrière la porte fermée.
© Filip Van Roe
Matter Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Danse Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki, Daisy Phillips
Musique : musiques traditionnelle sépharade et syrienne orthodoxe Musique live Patrizia Bovi, Tsubasa Hori, Gabriele Miracle, Olga Wojciechowska
Créations lumières Enrico Bagnoli, Willy Cessa
Création vidéo Maxime Guislain, Paul Van Caudenberg
Création costumes
Isabelle Lhoas, Frédérick Denis, Veerle Van den Wouwer
Assistants à la chorégraphie Nienke Reehorst, Satoshi Kudo, Claire Cunningham
Dramaturgie audiovisuelle Sabine Groenewegen
Matter fait partie d’Origine (2008)
Pure Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Danse : Verdiano Cassone, Nicola Leahey
Musique : Musiques traditionnelles japonaise et coréenne, arrangées par Tsubasa Hori et Olga Wojciechowska, Musique live Tsubasa Hori, Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki, Gabriele Miracle, Olga Wojciechowska
Création lumières : Adam Carrée, Willy Cessa
Création vidéo : Maxime Guislain
Création costumes : Sasa Kovacevic
Direction des répétitions : Nienke Reehorst, Satoshi Kudo
Dramaturgie audivisuelle : Sabine Groenewegen
Pure fait partie de TeZukA (2011)
Debt Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Danse : Oscar Ramos, Pol Van den Broek
Musique : Sidi Larbi Cherkaoui, Kaspy N’dia, musique traditionnelle japonaise arrangée par Tsubasa Hori
Musique live : Patrizia Bovi, Tsubasa Hori, Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki, Gabriele Miracle, Kaspy N’dia, Olga Wojciechowska
Texte : Paul Laurence Dunbar, Shibusawa Eiichi, Nikkei CNBC
Création lumières : Willy Cessa
Création vidéo : Maxime Guislain
Dramaturgie audiovisuelle : Sabine Groenewegen
Création costumes : Veerle Van den Wouwer
Sin Chorégraphie Damien Jalet & Sidi Larbi Cherkaoui
Danse : Damien Fournier, Nicola Leahey
Musique : Patrizia Bovi, Gabriele Miracle, Mahabub Khan, Sattar Khan, Jacopo da Bologna
Musique live : Patrizia Bovi, Gabriele Miracle, Mahabub Khan, Sattar Khan Création lumières Adam Carrée
Création costumes : Alexandra Gilbert
Directeur des répétitions : Nienke Reehorst
Sin fait partie de Babel(words) (2010)
Faun, chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Danse : Eli Cohen, Daisy Phillips
Musique : Claude Debussy Prélude à l’après-midi d’un faune, avec musique additionnelle de Nitin Sawhney
Création lumières : Adam Carrée Création décor Hussein Chalayan Direction des répétitions Miranda Lind, Nienke Reehorst
Chef de projet et textes : Karthika Naïr
Création décors : Scanachrome UK avec le soutien de Cedar Lake Contemporary Ballet (New York), Het Toneelhuis (Antwerp)
Merci à Christian Dumais-Lvowski, Nienke Reehorst, Tina Arena, Milly Patrzalek, Riyo Izumi et l’équipe de Chalayan Studios.
Première le 13 Octobre 2009 dans In The Spirit of Diaghilev
4D+, Direction et chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui
Co-chorégraphie : Damien Jalet (Sin)
Danse : Verdiano Cassone, Eli Cohen, Damien Fournier, Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki, Nicola Leahey, Daisy Phillips, Oscar Ramos, Pol Van den Broek
Création musicale : Patrizia Bovi, Gabriele Miracle, Mahabub Khan, Sattar Khan, Jacopo da Bologna, Claude Debussy, Nitin Sawhney, Sidi Larbi Cherkaoui, Kaspy N’dia
Arrangements musique traditionnelle japonaise : Tsubasa Hori
Musique additionnelle : musique traditionnelle japonaise, coréenne (adap. Tsubasa Hori, Woojae Park and Olga Wojciechowska), musique séfarade et traditionnelle syrienne orthodoxe Musique live Patrizia Bovi, Tsubasa Hori, Mahabub Khan, Sattar Khan, Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki, Gabriele Miracle, Kaspy N’dia, Olga Wojciechowska
Dramaturgie audiovisuelle : Sabine Groenewegen
Texte : Paul Laurence Dunbar, Shibusawa Eiichi, Nikkei CNBC
Création lumières : Enrico Bagnoli, Adam Carrée, Willy Cessa
Création vidéo : Maxime Guislain, Paul Van Caudenberg
Création costumes : Hussein Chalayan, Frédérick Denis, Alexandra Gilbert, Sasa Kovacevic, Isabelle Lhoas, Veerle Van den Wouwer
Technicien lumières : Willy Cessa
Technicien vidéo : Maxime Guislain
Son : Jef Verbeeck
Régisseur général : Patrick ‘Sharp’ Vanderhaegen
Décor et accessoires : Janneke Hertoghs
Habilleuse : Saar Swinters
Du au
Jeudi et vendredi 20 h
Samedi 19 h
Dimanche 15 h
durée 1 h 15
La Villette
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris
T+ 01 40 03 75 75
www.lavillette.com
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