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La chambre d’Isabella, mise en scène de Jan Lauwers, à la MC93.

Avr 14, 2019 | Commentaires fermés sur La chambre d’Isabella, mise en scène de Jan Lauwers, à la MC93.

 

© Eveline Vanassche

 

ƒƒ article de Toulouse

Jan Lauwers et la Needcompany reprends leur mise en scène mythique et incontournable : La Chambre d’Isabella. Quinze année plus tard voilà que leur pièce phare tourne encore et continue de séduire le public et il est surprenant, par ailleurs, de voir le triomphe qui lui est réservé au salue où presque l’entièreté de la salle se lève pour applaudir cette joyeuse compagnie flamande. Néanmoins que reste-t-il quinze plus tard ? Tentons d’en d’étudier un peu plus la question. Ce qui demeure indéniablement reste une esthétique percutante, si singulière à Jan Lauwers, et animée par cette vague flamande qui à l’époque déferlait en Europe et participait à repenser la scène contemporaine et le paysage théâtral par l’originalité de ce vivier d’artistes. Une esthétique qui synthétise dans ce spectacle la définition même de pluridisciplinarité, où musique et danse rencontre le théâtre et l’accompagnent, non pas comme un léger ornement, mais comme dramaturgie à part entière, donnant au spectacle un joyeux métissage s’exprimant selon une pluralité de médiations. Demeure également des artistes-athlètes,des acteurs-créateurs, des comédiens à haute tensions. Les corps ont pourtant bien changés mais restent si expressifs et si puissants. Nous avons face à nous certains interprètes dont la personnalité est unique et qui constitue la force principale du spectacle. Demeure aussi et surtout le texte de Lauwers qui lui, contrairement à tout ce qu’il y a autour, s’inscrit dans le temps comme un marqueur restant tel quel. Ce texte à la forme fragmentaire, jouant sur les reconstitution de souvenir, où le temps s’amuse à tromper la vérité du présent, où les modes d’écriture et de lecture sont multiples.

Enfin persiste une question dérangeante et d’autant plus quinze années plus tard… L’aspect d’un racisme inconscient disséminé tout au long de cette création. Conscient en même temps qu’inconscient devrions nous dire. Car que cela pose problème, Jan Lauwers l’a bien à l’esprit et cela lui a été reproché. Il évoque lui même furtivement le sujet de la colonisation et l’appropriation culturelle en préambule du spectacle et dit encore «je trouve toujours délicat de gérer cet héritage ». Néanmoins, même si cela est fait en toute conscience, il n’en parle donc que brièvement, comme pour que la parole puisse se dédouaner d’un sujet lourd et qui demande d’être plus approfondit et plus nuancé, laissant donc à la suite de la représentation une kyrielle plus ou moins inconsciente de phrases et de situations racistes. Quinze ans plus tard, en sommes, le sujet reste brûlant et pourtant non traité et quelque peu sourd et muet.

 

La chambre d’Isabella, texte Jan Lauwers, et pour le monologue du menteur Anneke Bonnema

Avec Jan Lauwers, Viviane De Muynck, Anneke Bonnema, Benoît Gob, Hans Petter Dahl, Maarten Seghers, Yonier Camilo Mejia, Sarah Lutz, Sung-Im Her, Misha Downey, Elke Janssens
Musique Hans Petter Dahl, Maarten Seghers
Costumes Lemm&Barkey
Scénographie Jan Lauwers
Lumière Jan Lauwers, Marjolein Demey
Son Dré Schneider, Marc Combas
Directeur technique Ken Hioco
Plateau Tijs Michiels
Production Marjolein Demey
Surtitrage Elke Janssens
Traduction française Monique Nagielkopf, Olivier Taymans
Traduction anglaise Gregory Ball
Conseillère langue française Anny Czupper
Conseillère langue anglaise Marty Sparks
Stagiaires technique Jelle Moerman, Dorus Daneels
Introduction dramaturgique Erwin Jans
Photographie Eveline Vanassche, Maarten Vanden Abeele

 

Du 12 au 13 avril, le 12 à 20h et le 13 à 18h

 

A la MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis

9 boulevard Lénine

93000 Bobigny

Réservation au +33 (0)1 41 60 72 72
https://www.mc93.com

Métro Ligne 5, Station Bobigny – Pablo Picasso puis 5 minutes à pied
Tramway T1
Station Hôtel-de-ville de Bobigny – Maison de la Culture
Bus 146, 148, 303, 615, 620
Station Bobigny – Pablo Picasso
Bus 134, 234, 251, 322, 301
Station Hôtel-de-ville

 

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