f article d’Isabelle Blanchard
Gwendoline Destremeau, en adaptant différents contes des Mille et une nuit d’Andersen et d’autres japonais, souhaite évoquer notre peur du monde et la mise en place d’un état totalitaire. Ainsi son personnage face aux affreuses nouvelles matraquées à la radio décide de s’emparer du pouvoir afin de régenter en despote, bien évidemment, un monde duquel il peut supprimer tout ce qui lui fait peur et ce qui le fait souffrir. C’est un thème très intéressant auquel se rajoute la condition féminine. Voilà donc un projet très sérieux et ambitieux.
Une suite de tableaux ayant chacun une esthétique particulière, que l’on soit dans les contes des mille et une nuit avec ses sabres et ses voiles ou ceux d’Andersen avec ses personnages d’un autre monde. Les scènes s’enchaînent avec fluidité malgré l’étroitesse du plateau et nous sommes emportés dans des histoires diverses et variées ayant comme fil conducteur la peur, le despotisme et le refus de l’autre. La scénographie est très légère, un trône-fauteuil au centre de la scène et quelques accessoires. Les comédiens à travers leur corps, leur voix, nous font voyager d’un univers à un autre. Ils récitent, content, interagissent, chantent, dansent et tous ces modes d’expression sont très agréable à suivre et à regarder. Les moments chantés sont réussis car on s’y amuse. Les voix sont très agréables, les moments chorégraphiés un peu moins car le sérieux reprend le dessus.
Mais tout au long de la pièce j’ai eu l’impression que la metteure en scène hésitait entre drame et burlesque et c’est dommage car je n’ai pas réussi à entrer pleinement dans la pièce, me demandant continuellement si c’était du premier ou vingtième degré. Je ne peux m’empêcher de penser que les comédiens auraient été formidables dans le burlesque déjanté. Ici on se questionne sur la volonté, la nécessité de la metteure en scène de parler de ces sujets si denses. Ainsi quelques moments semblent maladroits, ceux où sont abordés la condition des femmes, des exilés, dans un étrange premier degré sans autre point de vue que : « ce n’est pas bien ».
Toutefois, l’équipe au plateau est épatante, pleine d’entrain, d’enthousiasme et de professionnalisme et là encore je regrette cette hésitation entre drame et burlesque Ils sont parfaits dans le burlesque avec un jeu ensemble très agréable à voir. J’ai l’impression qu’un autre spectacle aurait été possible.
Voilà donc une belle équipe très chouette que j’aurai plaisir à suivre malgré une réserve sur les intentions de mise en scène mais qui communique sa joie, son bonheur de créer, de jouer en s’attaquant à des sujets d’une actualité brûlante.
© Anaëlle Forte
Mille et une nuits ou l’homme qui aimait les coquelicots, texte et mise en scène de Gwendoline Destremeau
Librement inspiré des Contes des Mille et une nuits, des Contes d’Andersen et de Contes japonais
Costumes Marguerite Morin
Avec Sarah Bertholon, Matthieu Gautier, Louise Bouchez, Cyril Benoit
Du 29 novembre 2018 au 28 mars 2019, les jeudis à 19h00
Durée 1h15
Guichet Montparnasse
15 rue du Maine
Paris 75014
Réservation par téléphone : 01 43 27 88 61
http://www.guichetmontparnasse.com
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