Critiques // Monumental de Martin Hansen, Sponge de Yu-Ju Lin, et Swish de Tareza Hradilkova aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis, au Théâtre Le Colombier.

Monumental de Martin Hansen, Sponge de Yu-Ju Lin, et Swish de Tareza Hradilkova aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis, au Théâtre Le Colombier.

Juin 01, 2018 | Commentaires fermés sur Monumental de Martin Hansen, Sponge de Yu-Ju Lin, et Swish de Tareza Hradilkova aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis, au Théâtre Le Colombier.

ƒƒƒ article de Toulouse

© Nik Haffner

C’est une soirée pleine de surprises, aux esthétiques radicalement diverses, que nous réserve l’enchaînement de ces trois solos programmés aux Rencontres chorégraphiques.

Les réjouissances s’ouvrent avec un solo imaginé par Martin Hansen, revisitant le célèbre solo, interprété à l’origine par Anna Pavlova, La mort du cygne. Des passages arrachés en plein vol restent tout à fait intéressants, mais il n’empêche que la dramaturgie de son spectacle et la démarche que ce jeune danseur engage restent fumeuses et maladroite. Sa forme reste étonnante, participe à déconstruire et repenser le patrimoine chorégraphique, mais demeure obscure et trop conceptuelle. Non pas que nous voulions tout forcément « comprendre » à ce qui se joue sous nos yeux, mais il n’empêche qu’on nous fait sentir à première vue une certaine importance, une trop grande prise de sérieux, qui, en s’y penchant de plus près, dévoile un vide qui dénote avec cette sensation liminaire. Ainsi donc malgré quelques aspects de ce solo qui restent encore à sauver, la forme nous paraît longue et laborieuse.

Néanmoins ce n’est pas sans attendre que le second solo lui prête secours, et rattrape le coup, avec la proposition de Yu-Ju Lin absolument envoutante et hypnotique. Travaillant sur la lenteur, le dos, le caché et le dévoilé, le clair-obscur chorégraphique, on a la sensation intranquille de plonger dans les limbes d’un monde inconnu. Un mouvement qui, comme l’explique Quignard dans L’Origine de la danse, « fait appel au corps d’avant le langage (au corps originaire, au corps ovulaire, au corps embryonnaire, au fœtal, au corps natal, au corps infantile). Au corps d’avant le moi. (…) Au corps d’avant la lumière. » Ainsi donc, elle convoque, au grès d’un paysage intérieur profond et sensible, nombre de d’états corporels, tantôt spectraux ou fantomatiques, tantôt proche de la transe ou encore d’une présence innommable.

Enfin la soirée finit tout aussi en beauté avec, une fois de plus, une proposition des plus singulières dans un solo de Tareza Hradilkova, accompagné pour partenaires d’une guitare électrique et d’une corde à sauter. Sans s’interrompre, ou presque, inlassablement comme un Sisyphe contemporain, pendant une quarantaine de minutes, elle saute en évitant la corde qui siffle et fend la scène. Une performance et une endurance inépuisable, marqué par un récit d’évènements autobiographiques majeurs, et qui n’est pas sans rappeler le flux continu de la vie courante, bouleversé par des différences de rythme, et que symbolise sans relâche les sursauts de la corde qui galope et bat la mesure. Malgré ces quelques variations rythmiques et d’intensité, la lumière mouvante, la proposition reste simple mais éminemment radical et puissante. On ne peut décrocher son regard de la danseuse, habité par une force de vie gigantesque.

Monumental
Conception, chorégraphie, interprétation : Martin Hansen
Création lumières : Gretchen Blegen
Mentor : Thomas Plischke
Consultants en dramaturgie : Melanie Jame Wolf, Ezra Geen
Voix : Inna Krasnoper, Louise Truehardt

Sponge
Chorégraphie, interprétation : Yu-Ju LIN
Création lumières : Tien-Hung WANG
Création sonore : Jia-Wei HSU
Costumes : Chien-Wei WU, ZEIGARNIQ
Conseil en visuel : Geng-Hwa CHANG

Swish
Concept, interprétation : Tereza Hradilková
Dramaturgie, coopération : Biljana Golubovič
Musique live : Filip Míšek
Création lumières : Pavel Kotlík
Création sonore : Michal Sýkora
Costumes : Marjetka Kürner Kalous
Consultation : Lukáš Jiřička

Du 25 au 26 mai à 20h, le 27 à 17h

Au Théâtre Le Colombier
20 rue Marie-Anne Colombier – 93170 Bagnolet
MÉTRO ligne 3, station Gallieni.
BUS 76, 122, arrêt Église de Bagnolet, 318, arrêt Marie-Anne Colombier.
Réservations au 01 55 82 08 01
www.rencontreschoregraphiques.com

 

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