© Laurent Phillipe
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Le titre paraît un peu facile, léger. On se dit que oui, Hans Arp est avalé ici, pris pour faire bien, idées de sculptures pour idées de danses. Les points d’interrogations, positifs toutefois, valses d’impatience. Et en fait le talent, l’émotion sont là, très vite pour ne pas dire tout de suite. Il est là, sur scène avec les oscyls, étranges souvenirs arpiens, et avec trois femmes, quatre hommes. La magie apparaît, lente silencieuse, une femme apporte cette lenteur, suivie d’une de ces sculptures à taille humaine et avec lesquelles vont naître les mouvements, sentiments, ressentiments, jusqu’aux vibrations particulières pourquoi pas ?
En tout premier les échanges deviennent évidents entre une de ces masses ou plutôt vascillantes et une danseuse puis un danseur. Nous sommes pris. Les mouvements échangés, pénétrations, rebondissements sonores arrivent. Le simple besoin de les rejoindre est là. Coups et contre coups. Sculptures et danseurs/danseuses sont lancés les uns contre les autres, avec les autres. Partage, folie, violence sont là. Amour aussi. La difficulté est visible de temps en temps, mais ne pèse absolument pas, elle est aussi naturelle que les oscillations grises des oscyls.
La naissance de ses sculptures vient de la visite d’une exposition à Bordeaux de l’Autrichien Markus Schinwald, où Héla Fattoumi et Éric Lamoureux voient une pièce étrange, culbuto en contact avec les visiteurs. Cette idée est ensuite prolongée avec le travail de leur collaborateur, et ils en approchent une œuvre tardive de Hans Arp donc, Entité ailée, réalisé en 1961. De là naîtront ces fabuleuses Oscyls, réalisées par Cyril Cornillier. Idées communes pour des résultats fascinants et efficaces, ces sculptures uniques sont vivantes, tout simplement.
Et encore une fois, nous sommes pris. Chaillot n’existe plus. Nous sommes bien plus haut. La surprise est là. Elle est presque matérielle même. L’écho entre ces danseurs et ces sculptures nous prend. Le talent est partout. Les applaudissements paraissent vains, on souhaiterait juste continuer à suivre ces mouvements, ces désirs, colères noires, échanges ou ascensions, pour nous y reconnaître ou nous y sentir perdus. Et osciller à nouveau, encore.
Oscyl, créé par Héla Fattoumi et Éric Lamoureux
Avec Sarah Amarasingam, Jim Couturier, Robin Lamothe, Bastien Lefèvre ou Matthieu Coulon, Johanna Mandonnet, Clémentine Maubon, Angela Vanoni
Création lumière Éric Wurtz
Création costumes Gwendoline Bouget assistée de Charles Chauvet
Création musicale Éric Lamoureux et Jean-Noël Françoise
Construction des Oscyls Cyril Cornillier
Collaboration artistique Valentine Paley (dans le cadre du dispositif relève chorégraphique / Pro-Helvétia)
Direction technique Thierry Meyer
Régie lumière Maxime Scherrer
Régie son Nathanaëlle Wong
Du 22 au 24 février 2018
Chaillot – Théâtre national de la Danse
1 place du Trocadéro
75116 Paris
Renseignements 01 44 62 52 52
www.theatre-chaillot.fr
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