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La Vedette du quartier, de Riton Liebman, Maison des Métallos

Jan 26, 2018 | Commentaires fermés sur La Vedette du quartier, de Riton Liebman, Maison des Métallos

 

© Yves Kerstius

 

ƒƒƒ Article de Corinne François-Denève

 

« Ah, tu vas voir Riton Liebman ? Tu sais, c’est le gamin qui jouait dans Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier, avec Depardieu et Dewaere ! »

« Ah, tu vas voir Riton Liebman ? C’est pas pour lui que Pagny avait écrit sa chanson, là tu sais, N’importe quoi ? » Double malédiction. Alors on a repoussé Wikipedia et autres, et on y est allée.

25 ans de psychanalyse, une flopée de séances d’addicts anonymes et des m2 de livres de pensée positive plus tard, et désormais une légère calvitie (on peine à la voir), le voici donc sur le plateau, le Riton en question, pour le deuxième opus de son autobiographie scénique. Rien à voir avec la roublardise pateline et bourgeoise d’un Caubère : il est Belge et a tourné avec Blier, pas avec Mnouchkine.

Soit donc cette maudite annonce de casting. De hasard en hasard, ça fait clic, le film se tourne. Riton devient « la vedette du quartier. » Le « pam pam pam pam » de son cœur, que déclenchait le mot « Action ! », ou la simple vision d’un perchman, Riton le recherche, une fois le film fini. Il ne le trouvera pas à Bruxelles. Qu’à cela ne tienne : direction Paris, une chambre de bonne minable, Porte de Vincennes. « Bertrand » va l’aider, il a promis.

Ah, Riton, il s’y voyait déjà. Mais de promesses confuses en cours miteux, d’ordinaires médiocrités en petites déloyautés, ne devient pas Alain Delon qui veut (et d’ailleurs Riton ne veut pas, chez les Liebman, on est de gauche).  Ah, ce ne sera pas le Conservatoire. Mais un tout petit rôle chez Boisset. Blier a refait un film, mais sans lui. Riton pleure comme un gosse entre deux voitures. Alors il va faire des daubes. Des nanars. Des panouilles. Ou parfois de grands films, avec des grands, grands acteurs et grands Mensch : Noiret, Trintignant. Ou avec des cons – on ne les nommera pas ici ; au théâtre, on voit très bien qui ils sont.

Il y a le cinéma, et il y a ses à-côtés. Les Bains-Douches, avec Florent (celui de la chanson). Le « pam pam pam pam » des plateaux, Riton le retrouve la nuit dans la dope. Pam pam pam pam. Bad trip. Black out. Sur un tournage à Budapest, avec une bande de rigolos, ça ne rigole plus. HP. On ramène Riton chez sa maman. Fin de partie. En plus, le père est mort. Pam pam pam pam. Un peu rechavé, il faut écrire sa propre partie, et la jouer. Ce sera au Café de la Gare, sous la photo du complice des débuts, Dewaere, qui a cessé de le trouver, aussi, le pam pam pam pam des plateaux. Dans la salle, ça ne rit pas. Et puis ça rit. Pourquoi ? On ne sait pas. On ne saura jamais.

Aux Métallos, Riton s’agite sur un espace minimaliste, boxe et danse sa vie. Lui, à qui on a toujours demandé de raconter des anecdotes, se surprend à en raconter, se gourmande, s’en va, revient, en raconte à nouveau. On voit ses films. Il les commente, les rejoue. Pam pam pam pam. Oui, pas de doute, il est là, c’est revenu, vas-y Riton !

C’est soir de première. Il y a des huiles dans la salle, d’autres acteurs à la gloire passée que l’on reconnaît, des Studio Magazine des années 1990, que l’on feuilletait dans l’ennui de sa province. Ils étaient les espoirs d’alors, ils ont l’air fatigué. Ils savent qu’on les reconnaît, ils détournent la tête, l’air entendu, petit sourire aux lèvres, ça marche encore ou ça va reprendre. Les grands ne sont pas venus, ils ont d’autre chose à faire sans doute. Dehors, Oberkampf, Parmentier, les cafés branchés dégorgent de jeunes comédiens à la beauté arrogante et à la jeunesse insolente.

Pam pam pam pam. Quel métier bizarre. Putain d’acteur.

 

La Vedette du quartier, texte et interprétation Riton Liebman

Collaboration artistique à la mise en scène  Jean-Michel Van den Eeyden
Assisté de  Yannick Duret et Aurélie Alessandroni
Lumières  Xavier Lauwers
Scénographie  Olivier Wiame
Création sonore  Vincent Cahay
Régie lumière et vidéo  Arnaud Bogard
Régie son  Samson Jauffret
Collaboration vidéo  Simon Delecosse

Durée  1h10
A partir de 14 ans

Du 23 janvier au 28 janvier 2018
Le mardi, mercredi, vendredi à 20h
Le jeudi, samedi à 19h
le dimanche à 16h

 

Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris

Réservations   01 47 00 25 20

reservation@maisondesmetallos.org

www.maisondesmetallos.paris

 

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