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The Great Tamer, de Dimitris Papaioannou, à la FabricA, Festival d’Avignon In

Juil 23, 2017 | Commentaires fermés sur The Great Tamer, de Dimitris Papaioannou, à la FabricA, Festival d’Avignon In

© Julian Mommert

ƒƒ article de Jean Hostache

 

Dimitris Papaioannou arrive en Avignon avec un diamant brut, un diamant rare et unique en son genre, taillé pour la scène, scintillant de beauté. Il a déjà conquis et éblouit les festivaliers de la Cité des Papes.

On pourrait le comparer à la Pina Bausch de la Grèce contemporaine. Son travail ouvre les gouffres profonds de la poésie, où l’on se plaît volontiers à tenter un délicieux plongeon qui nous ne laisse pas indemne lors de l’atterrissage. Déjà avec Still Life, que nous avions eu la chance d’accueillir en France au Théâtre de la Ville, Dimitris Papaioannou avait fait très fort. Avec The Great Tamer, il se surpasse et va au-delà de toutes attentes.

Son travail curieux sur la matière est toujours au rendez-vous. Ici, il élève un plateau en pente munis de multiples trappes et autres surprises. Un plateau en mouvement qui ne cesse de se transformer. Un plateau incliné qui met les corps dans une fragilité tout à fait intéressante. Se succèderont différents tableaux à couper le souffle. Le terme de tableau n’est pas anodin, car c’est de ça dont il s’agit. Le chorégraphe grec aime en effet dessiner et peindre la scène. Chose qui n’est pas surprenante lorsqu’il nous confie que le départ de son travail se constitue au travers d’images mentales ou jetées sur un papier, et que la conception visuelle tient ainsi une place prépondérante dans sa façon de penser la scène. On passe tantôt aux corps éclatés et difformes des tableaux de Salvador Dali, à La leçon d’anatomie plus que réaliste dans le style de Rembrandt, et en observant tout du long des figures helléniques faire des apparitions. Il s’amuse à jouer sur un imaginaire collectif – les références mythologiques sont bien là : on fera notamment allusion à la figure de Déméter et des saisons, de Narcisse, ou encore de Sisyphe – mais il vient les raffiner et les détourner des lieux communs pour en faire sortir un chant onirique aux mille couleurs, une polyphonie de sensations et d’émotions. Ce qu’il traite à travers cette poésie bouillante est immense. Les images parlent d’elles-mêmes et évoqueront pour chaque spectateur des sens bien singuliers, tant le plateau devient une projection mentale plongeant dans le subconscient et l’intimité de chacun. On sort comme d’un long rêve qui demeure pour nous une énigme, dont l’analyse est immense, mais qui continue toujours et encore de questionner les abysses de notre être. Il s’agit là de nos peurs profondes, de nos désirs intimes, de la complexité psychique du corps et de l’esprit humain. La qualité corporelle des dix danseurs est fascinante, et bien singulière à chacun des artistes. On constate que, dans le processus de création, Dimitris Papaiouannou part de l’individu même, comme pour le travail d’une matière. Partir de l’authenticité et du talent propres de son équipe afin de la faire étinceler sur scène. Ces derniers – tantôt danseurs, comédiens, acrobates, ou encore circassiens – relèvent avec brio l’exigence du pluridisciplinaire et du poétique qu’on leur demande. Ils portent haut et fort le blason d’une poésie oscillant entre légèreté ou humour, gravité et profondeur.

Pour ceux qui auraient la malchance ou la maladresse de manquer ce chef-d’œuvre, sachez qu’une séance de rattrapage se profile au Théâtre des Abbesses à partir du 20 mars prochain.

 

The Great Tamer, de Dimitris Papaioannou

Conception, composition visuelle et mise en scène Dimitris Papaioannou
Scénographie et direction artistique Tina Tzoka
Lumière Evina Vassilakopoulou
Costumes Aggelos Mendis
Son Kostas Michopoulos, Giwrgos Poulios
Musique Johann Strauss II, An der schönen blauen Donau, Op. 314
Arrangements musicaux Stephanos Droussiotis
Sculpture Nectarios Dionysatos
Peinture des costumes et accessoires Maria Ilia
Assistanat à la mise en scène Pavlina Andriopoulou, Stephanos Droussiotis,
Tina Papanikolaou
Direction des répétitions Pavlina Andriopoulou
Assistanat scénographie et peinture des accessoires Mary Antonopoulous
Assistanat sculpture Maria Papaioannou et Konstantinos Kotsis
Direction technique Manolis Vitsaxazkis
Régie plateau Dinos Nikolaou
Régie son Kostas Michopoulos
Assistanat son Nikos Kollias

Avec Pavlina Andriopoulou, Costas Chrysafidis, Ektor Liatsos, Ioannis Michos, Evangelia Randou, Kalliopi Simou, Drossos Skotis, Christos Strinopoulos, Yorgos Tsiantoulas, Alex Vangelis
Du 19 au 26 juillet 2017 (relâche le 23 juillet) à 15h

FabricA
11 rue Paul-Achard, 84000 Avignon (extra-muros)
Réservations au 04 90 14 14 14
http://www.festival-avignon.com/fr

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