À l'affiche, Critiques // La garçonnière, de Billy Wilder et I.A.L. Diamond, mise en scène José Paul au Théâtre de Paris.

La garçonnière, de Billy Wilder et I.A.L. Diamond, mise en scène José Paul au Théâtre de Paris.

Fév 20, 2017 | Commentaires fermés sur La garçonnière, de Billy Wilder et I.A.L. Diamond, mise en scène José Paul au Théâtre de Paris.

ƒƒ Article de Victoria Fourel

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© DR

Il est sympa, Baxter. Employé de bureau dans l’Amérique des années 50, il prête son appartement à ses supérieurs pour leurs rendez-vous galants et

illégitimes. Entre comédie romantique, et vraie critique de son époque, le film devient aujourd’hui théâtre, dans une adaptation à la fois très fidèle et unique.

A grands espaces, grandes idées. Plateaux tournants, décors en vidéos, dizaines de portes et d’accessoires sur rail, tout dans la mise en scène renvoie à la rapidité, à l’empressement de la vie de bureau. Tout doit aller vite, les qui pro quo, les discussions de couloir, les chutes, et à l’inverse les personnages doivent paraître très petits, très nerveux et parfois très vains. C’est assez beau visuellement, dans un respect de l’univers très fifties des comédies de mœurs ou policières, qui nous parle encore, qui charme, avec une facilité incontestable, avant même de parler de contenu.

Et en parlant de contenu, il y a de belles qualités dans l’adaptation, et dans le jeu. Là où certaines productions de comédie « à star » déçoivent en prenant les écritures de rôles à la légère, ici, au contraire, tout est très enlevé, technique, et mettent en valeur le comique de situation de ce gentil Baxter pris par ses voisins de palier pour un coureur de jupons et un gros buveur. Guilaume de Tonquédec et Claire Keim sont simples et justes dans des rôles très proches de leurs emplois respectifs. Moins intéressant, en revanche, l’oubli d’un autre pan de l’œuvre originale : le propos politique et sociétal. Parti comme une comédie romantique, le film n’est en fait pas si drôle tant Jack Lemmon est premier degré et touchant, agneau face aux loups qu’ils protègent, allant à l’encontre de ses envies et de ses principes. Le personnage féminin du film, Fran, s’est coupé les cheveux à la garçonne, envoie promener les hommes sans gêne, certains personnages sont frappants de solitude, et surtout, lorsqu’enfin Baxter se libère de son carcan carriériste pour ne plus être le pion des patrons, il le fait avec un grand sérieux. De même, lorsque la femme qu’il aime semble lui échapper, il s’efface, ne réclame jamais, avec encore une fois, une sincérité très loin de la comédie potache. Plusieurs aspects du film original ont donc été un peu oubliés au profit de la drôlerie des caractères.

Les simplifications et les quelques raccourcis narratifs entrepris par l’adaptation peuvent nous faire regretter que ce genre de production, nées pour réunir, n’en profite pas pour évoquer les grands sujets des œuvres lorsqu’ils existent : la liberté des femmes dans un monde qui les considère comme des pantins, celle des employés face aux patrons. En rendant les chefs machistes plus drôles qu’ils ne le sont dans la version originale, on plaisante sur ce que le film dénonçait. Mais factuellement, et détaché de l’objet initial, le spectacle reste drôle, très enlevé, et un beau terrain de jeu pour les acteurs, qui ne flouent pas le spectateur, en portant l’intrigue avec enthousiasme et rigueur. Il est sympa, Baxter.

 

La garçonnière
De Billy Wilder et I.A.L. Diamond
Mise en scène José Paul

Avec Guillaume de Tonquédec, Claire Keim, Jean-Pierre Lorit, Jacques Fontanel, Benoît Tachoires, Pierre-Olivier Mornas, Muriel Combeau, Sophie Le Tellier, Jean-Yves Roan, Bénédicte Dessombz, Grégory Gerreboo, Anne-Sophie Nallino.

A partir du 7 février 2017
Du mardi au samedi à 20h30 et le samedi à 17h.

Théâtre de Paris
15 rue Blanche 75009 Paris
Métro Blanche ou D’Estienne d’Orves
Réservation 01 48 74 25 37
www.theatredeparis.com

 

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