ƒ article de Elise Regnier

Une nuit, entière, entre un cimetière et un belvédère. Une nuit dans la chaleur étouffante de ce qui pourrait bien être Naples, dans les années 80. Les péripéties lugubres d’une famille, ou plutôt d’êtres errants. Les deux fils dépouillent les morts, le père, prostitué, porte les vêtements de sa femme probablement morte. L’un des fils se fait passer pour tué, l’autre découvre, auprès de la pétillante Laurie, la sensualité des chaudes soirées d’été. C’est l’histoire des rêves que l’on a, de la frustration, du désir de trouver mieux. C’est l’histoire d’une famille unie et meurtrie, du dépit de ces êtres qui cherchent ce qui les animera, ce qui les fera vivre.

Cette fable poétique nous emporte dans un monde à la fois sordide et frais, en parfaite résonance avec la cave voûtée du théâtre Essaïon. On y est presque, mais on n’y est pas : on est à la limite d’être emporté dans cette nuit chaude. La pièce est lente, les scènes se juxtaposent sans s’éclairer les unes les autres. Les allers retours dans le passé,  les deux frères, un troisième homme, tout se ressemble un peu et se confond, et rien n’est vraiment approfondi. L’histoire n’est pas très claire et finalement elle ne parvient pas à capter notre intérêt. Un rebondissement de dernière minute : celui que l’on croyait mort ne l’était pas. Ce qui, en fait d’un rebondissement, ressemble plutôt à une arnaque pour faire pousser des grands « ha » au spectateur somnolent.

Difficile de saisir les réelles motivations des personnages, tous ambivalents. Il manque de l’épaisseur et de la profondeur à leur frustration. La chaleur et la sensualité bestiale sont là, mais la souffrance de l’absence (d’un fils, d’une mère) manque. Vaguement dansant, vaguement chantant, il y est question d’Elvis aussi.

En fin de compte, on aperçoit une pièce que l’on aurait envie d’aimer mais qui manque ici sensiblement d’intérêt et de clarté.

Autour de ma pierre il ne fera pas nuit 
Texte Fabrice Melquiot
Mise en scène Agathe Quelquejay
Musique Adriano Celentano et Frédéric Milano
Avec Adrien Capitaine, Laura de Boischevalier en alternance avec Laila Déaux, Fabian Ferrari, Raphael Mostais en alternance avec Jean Barlerin, Agathe Quelquejay, Mathieu Reverdy

Du 8 septembre au 18 novembre 2014
Les lundis et mardis à 21h30

Essaïon Théâtre
6, rue Pierre au Lard – 75004 Paris
réservations 01 42 78 46 42
www.essaion-theatre.com

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