ƒƒƒ Article de Camille Scordia

©Duan Ni

Tous les spectacles ont un nom. Celui-ci est baptisé de deux simples numéros, renvoyant au nombre de danseurs présents sur scène, avant et après l’entracte. Ce n’est en rien un artifice de sophistication pour se singulariser, mais une véritable clé de compréhension de la vision que Tao Ye veut donner de l’art chorégraphique. 6/7 se présente comme un diptyque, où deux postures ontologiques se font miroir : le noir et le blanc, le plein et le vide, le tumulte et le silence. Si dans la première partie, la musique répétitive de Xiao He emporte les sens, dans la seconde, le silence n’est que plus puissant, laissant petit à petit une transe gutturale sortir des corps. Unies par une même esthétique minimaliste, les deux parties se recoupent sans cesse, à commencer par la partition de mouvements des interprètes qui demeure la même, de 6 à 7 danseurs. Animés d’une même énergie ondulatoire, les corps se meuvent à l’unisson, les pieds rivés au sol pendant une grande partie du spectacle. C’est là un aspect majeur du minimalisme revendiqué par le chorégraphe lui-même :

«  A travers mon travail, j’espère recentrer l’attention sur l’essence de la sensation et de la perception. C’est dans le corps, dans notre existence physique, qui porte en elle l’ordre intrinsèque de la vie, que réside la plus grande des sagesses ».

Recentrement

A travers 6, puis 7, Tao Ye partage sa philosophie de l’être : en restant bien arrimés à la terre, une élévation est possible. Les mouvements ont beau se répéter, ils apparaissent à chaque instant plus intenses, plus incarnés. C’est précisément grâce à leur répétition, à la modestie de leur ampleur qu’ils parviennent à créer du sens. Le recentrement sur soi est la clé.

Cette prétendue « économie » de mouvements n’est qu’une apparence : elle cache une maîtrise totale de la technique et des postures. C’est grâce à cette puissance technique que se dégage un des tenants de ce spectacle : l’effet hypnotique des corps. Une énergie partant des hanches se transmet jusqu’aux poitrines, qui se tournent avec une grande fluidité, ne laissant jamais aucune sensation de rigidité. La somme de ces mouvements simples et fluides donnent naissance à un équilibre troublant.

Avec 6/7, la chorégraphie flirte avec la transe, et nous accorde un moment d’harmonie simple, qui invite chacun à se rapprocher de son propre corps.

6/7
Du Tao Dance Theater
Chorégraphie Tao Ye
Musique Xiao Ye
Lumières Ellen Ruge
Costumes Tao Ye, Li Min

Avec Fu Liwei, Mao Xue, Li Shunjie, Yu Jinying, Ming Da, Huang Li

Du 11 au 14 novembre 2015
Du mercredi au samedi à 20h30

Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet – 75004 Paris
Métro Châtelet
Réservation 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

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