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42nd Street, de Harry Warren et Al Dubin, mis en scène par Stephen Mear, Théâtre du Châtelet

Déc 13, 2022 | Commentaires fermés sur 42nd Street, de Harry Warren et Al Dubin, mis en scène par Stephen Mear, Théâtre du Châtelet

© Thomas Amouroux

 

ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

Les comédies musicales à gros budgets ne sont pas les spectacles les plus fréquentés au Fauteuil pour l’orchestre, ni les plus fréquents sur les scènes parisiennes en comparaison de New-York, Londres et même Madrid. Chaque programmation fait donc un peu événement, même si les amateurs sont exceptionnellement gâtés en ce dernier trimestre 2022. Au Châtelet, c’est une reprise de 42nd Street qui a été programmée pour finir l’année en couleurs, en chansons et en tap dance.

On pourrait commencer par aligner les chiffres et les superlatifs tant il est vrai qu’ils peuvent donner une idée de l’ambition de ce spectacle que le Chatelet a programmé une première fois en 1990 et dans cette production en 2016, sachant qu’il devait être rejoué en 2020 : 300 costumes, 200 paires de chaussures, 100 kg de paillettes, une cinquantaine de danseurs-chanteurs et comédiens, une vingtaine de musiciens dans la fosse.

Si à la différence des précédents musicals présentés au Chatelet (West Side Story ou Singing in the Rain dans la Nef du Grand Palais), le public français ne connaît pas, dans sa grande majorité, par cœur les airs de 42nd Street, la chorégraphie de Stephen Mear qui avait déjà signé celle du Singing in the rain précité, et avec laquelle on peut d’ailleurs trouver quelques points communs dans les morceaux collectifs de claquettes et même dans certains duos, parvient à communiquer l’enthousiasme propre et attendu de ce genre de spectacle vivant.

42nd Street c’est la 42ème rue de Manhattan à New-York où l’on trouve aujourd’hui les théâtres jouant des comédies musicales au cœur de Broadway. Au départ il y a un film à gros budget tourné par la Warner trois ans après la grave crise financière de 1929 reposant sur un roman de Bradford Ropes. L’adaptation en comédie musicale à proprement parler, a mis près d’un demi-siècle à être proposée au public américain par Gower Champion (qui meurt avant la première). L’histoire appartenant à la catégorie des « backstage musicals », autrement dit dont la seule dramaturgie repose sur les coulisses du montage d’une comédie musicale, est des plus simples : Julian Marsh, un metteur en scène ruiné prépare une comédie musicale, Pretty Lady, où la vedette lui est imposée par le financeur unique du spectacle, une chanteuse de bon niveau, mais un peu sur le retour, laquelle joue sa star et brûle pour un autre amour et qui à la faveur d’une blessure sur scène se voit remplacée en dernière minute par une débutante surdouée, Peggy Sawyer. On ne reprochera à Emily Langham, gracieuse et à la voix bien placée y compris en pleine exécution de passages difficiles de tap dance, qu’un tic un peu anecdotique (d’ouverture et de fermeture de bouche) par rapport à la prouesse de sa prestation, mais qui peut agacer et être probablement aisément corrigé. Son partenaire principal, Jack North, est parfait (diction chantée et parlée, danse, jeu comique), semblant tout droit sorti d’un film des années 1950.

La morale simpliste « d’un mal un bien » triomphe. L’adaptation a expurgé tous les côtés obscurs du manuscrit initial pour ne retenir que la joie, les bons sentiments et le happy end, à la différence de Chorus line plus proche de la réalité du backstage des spectacles dansés à la fin du XXème.

La première scène de claquettes est incontestablement la meilleure. Après les quelques minutes d’introduction musicale (orchestre dirigé avec énergie par Gareth Valentine) rideau fermé, ce dernier se soulève partiellement ne laissant à la vue du public que la partie inférieure des danseurs exécutant un premier numéro de claquettes captivant. Les numéros s’enchaînent avec efficacité et précision, les beaux (dans l’ensemble) décors évoluent sans cesse à une vitesse confondante, la troupe changeant de costumes (parfois poussant le kitsch un peu loin) à chaque scène, laissant des images léchées : les claquettes de la jeune héroïne sur le piano blanc, les cabines couchettes aux rideaux roses ; les immeubles new-yorkais agencés de manière kaléidoscopique… Mais la scène qui mérite d’être autant saluée que celle d’ouverture, bien que n’étant pas un passage dansé, est jouée juste après l’entracte : les comédiens, sur les trois étages de la structure métallique, sont dans leurs loges, dont les miroirs entourés d’ampoules s’allument alternativement pour la chanson « Every situation has a sunny side ». C’est beau, joyeux, et impeccablement chanté et donne envie d’y croire…

 

© Thomas Amouroux

42nd Street, de Harry Warren et Al Dubin

Mise en scène et chorégraphie : Stephen Mear

En anglais surtitré

Musique : Harry Warren

Livret d’après le roman de Bradford Ropes et le film de Michael Stewart, Mark Bramble : Al Dubin

Direction musicale : Gareth Valentine

Décors et costumes : Peter McKintosh

Lumières : Chris Davey

Avec : Alex Hanson, Rachel Stanley, Emily Langham, Jack North, Annette McLaughlin, Cedric Neal, Jess Buckby, Daniel Crossley, Darren Bennett, Duncan Smith, Lauren Hall, Charlie Allen, Talia Duff, Gabby Antrobus, Liam Wrate, Ian Mowat (…)

 

Durée 2 h 45 (entracte compris)

Jusqu’au 15 janvier 2023, à 20 h

 

Théâtre du Châtelet

1 Place du Châtelet

75001 Paris

www.chatelet.com

 

 

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