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Le jour du grand jour, compagnie Dromesko, au 104

Fév 13, 2016 | Commentaires fermés sur Le jour du grand jour, compagnie Dromesko, au 104

ƒƒ article de Florent Mirandole

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© Fanny Gonin

ll faut affronter la mort autant que la vie le jour du grand jour. Le mariage est une somme, un grand tout, à la fois une promesse et un abandon. La compagnie Dromesko s’est saisie de cette institution pour en dépouiller les artifices et les faux-semblants. Pendant une grande heure et demi, la troupe effeuille les souvenirs, les craintes et les espoirs des protagonistes. Petit à petit cet événement abandonne ses ornements et sa bonne humeur forcée pour prendre des tons plus sombres, plus intimes.

Tout commence par une cérémonie. Un parterre clairsemé, un ruban bleu blanc rouge, et un maire qui règle son micro. Très vite quelque chose cloche. Le maire emporté par sa fougue alterne envolées lyriques et messages publicitaires. Les invités, apathiques, vacillent sous le souffle de l’élu. Les banquets arrosés et les petits boudins blancs servis en amuse-bouche cèdent alors la place à un défilé de scènes aussi belles qu’inquiétantes. Est-ce que les souvenirs de famille enfouis refont surface ? D’ou vient la sourde inquiétude de la jeune mariée ? Alternant les scènes intimes et collectives, Le jour du grand jour nous plonge au cœur d’un tourbillon effrayant et onirique.

La pièce est construite autour d’une suite de tableaux. Tour à tour musicienne, plasticienne, circassienne, la troupe sait varier les atmosphères, et laisser les émotions reposer quand il le faut. A l’hystérie d’un prêtre délirant succèdent ainsi quelques notes apaisantes d’un violoncelle… avant que la pièce ne bascule à nouveau lorsque le musicien se fait ridiculiser. Tour à tour sombre, poétique ou délirante, la pièce pourrait ployer sous une telle profusion, et devenir brouillonne et insaisissable. Pourtant il se dégage une belle cohérence de ce grand jour. Chaque épisode se concentre sur une émotion précise, une idée forte. L’image de cette jeune mariée qui court après son amant remonté comme un pantin mécanique reste longtemps dans les esprits.

Cette structure écarte bien sûr toute progression narrative. Mais les différents tableaux se succèdent sans que l’on s’inquiète outre mesure de savoir si le jeune marié a dit oui. L’important est la puissance des images esthétiques créées par la troupe. Les comédiens prennent d’ailleurs un plaisir évident à brouiller notre perception des formes, des couleurs ou encore des sons. Cette surprise perpétuelle nous place dans une sorte d’émerveillement permanent. La pièce s’avère ainsi magnifique, tant les effets sont frappants, et parfois spectaculaires.

C’est finalement cette atmosphère de joyeuse décadence que la troupe réussit le mieux à donner au spectacle. Au milieu de l’absurde, des élucubrations et des verres de rouge, il se dégage une parfum de d’inéluctable. Le Grand jour ressemble alors à un long memento mori, qu’il faut tout de même célébrer par un grand banquet final.

Le jour du Grand jour
Conception, mise en scène et scénographie : Igor & Lily
Texte : Guillaume Durieux
Jeu, danse, musique : Florent Hamon Tom Neal, Lily, Guillaume Durieux, Violeta Todó- González, Igor, Zina Gonin-Lavina, Revaz Matchabeli, Manuel Perraudin, Valérie Perraudin
Son : Philippe Tivillier et Morgan Romagny
Lumière : Fanny Gonin
Construction décor : Philippe Cottais
Costumes : Cissou Winling assistée de Catherine Sardi
Conception graphique : Lily
Photographie : Fanny Gonin

Du 09 au 20 février 2016
A 20h

LE CENTQUATRE
5, rue Curial – 75019 Paris
réservations 01 53 35 50 00
www.le104.fr

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