À l'affiche, Critiques // 23 rue Couperin, de Karim Bel Kacem mise en scène Karim Bel Kacem, au Théâtre de l’Athénée

23 rue Couperin, de Karim Bel Kacem mise en scène Karim Bel Kacem, au Théâtre de l’Athénée

Mai 17, 2018 | Commentaires fermés sur 23 rue Couperin, de Karim Bel Kacem mise en scène Karim Bel Kacem, au Théâtre de l’Athénée

ƒ Article de Victoria Fourel

© DR

Au 23 de la rue Couperin, il y a toute la jeunesse d’un homme. Une vie dans le « pigeonnier », dans une tour, dans un grand ensemble comme il en existe des centaines. Décrié, mal vu, qui pose encore de nombreuses questions, mais lieu de toutes les découvertes et de tous les souvenirs.

Ce qui frappe avec ce spectacle, c’est sa façon de faire de la vie dans une cité d’Amiens un nouvel objet aux multiples facettes. A partir de sensations réelles ou imaginées, on crée une seule et grande image, impressionnante, ambitieuse. Pyrotechnie, oiseaux en plateau, musique. On ne peut nier que la rue Couperin change de peau, dans une pièce moderne, forte.

La présence de tant d’installations différentes sur la scène de l’Athénée nous happe dès le début du spectacle, dans un mélange d’enthousiasme et de curiosité. On est forcément interpelé par la démolition d’une construction massive, pour qu’en nous résonne les bruits, le chaos d’une telle destruction, d’un tel chantier. Le son joue aussi un rôle capital dans le spectacle, égrainant un à un des instants de la vie des de la rue Couperin et des autres immeubles, tour à tour drôle, inquiétant, violent, ordinaire.

Là où le spectateur est davantage mis de côté, c’est lorsque le spectacle perd de sa structure. D’images fortes et d’extraits audio extrêmement parlants, on passe à une partie musicale, au cours de laquelle l’ensemble Ictus  mêle les genres, enchaîne les morceaux inspirés des grands compositeurs qui donnèrent leurs noms aux tours du grand ensemble d’Amiens Nord dont parle le spectacle. Le lien avec le public est coupé, malgré une spectaculaire apparition des musiciens, et il semble que le spectacle a été lui-même coupé en deux. On a la sensation de passer à côté de quelque chose, de ne pas comprendre ce choix dans la structure, et on est même frustré de ne pas tout entendre.

Et nous n’avons d’ailleurs pas fini d’être déroutés lorsqu’un comédien, magnétique au demeurant, reprend tout le texte entendu dans les extraits audio, sautant de personnage en personnage, d’intention en intention. Encore une fois il y a une grande poésie dans ce mélange d’humanités, d’émotions, dans le mystère aussi qu’entretient le spectacle. Mais le contact n’est pas constant avec le public, qui se déconcentre parfois, tente de rester présent, mais a du mal à se laisser porter.

Il semble qu’un des murs de la tour n’est pas tombé, nous empêchant d’entrer réellement en connexion avec la scène. Peut-être y a-t-il un problème de structure, de rythme, de fil conducteur ? Impossible à dire tant le spectacle et les choix y sont maîtrisés, tant il y a de médias pour faire parvenir tout ce que représente ce quartier. On sent une œuvre audacieuse et entière, qui peut-être oublie parfois de revenir nous chercher en route.

 

23 rue Couperin
Texte Karim Bel Kacem
Mise en scène Karim Bel Kacem
Direction musicale Alain Franco
Scénographie et lumière Jonathan O’Hear
Dramaturgie Corentin Rostollan
Vidéo Benjamin Cohenca
Son Clive Jenkins, Lug Lebel, François Thuillard.

Avec Fahmi Guerbâa, Karim Bel Kacem, avec les musiciens Alain Franco, Aurélie Entringer, Serge Vuille, Flavio Virzi, Michael Schmid.
Du 15 au 19 mai 2018, le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h.

Théâtre de l’Athénée – Louis Jouvet
Square de l’Opéra – Louis Jouvet, 7 rue Boudreau – 75009 PARIS
Réservation 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com

 

 

 

 

 

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