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100% Cuban, compagnie Acosta Danza, Carlos Acosta, Chaillot-Théâtre national de la Danse

Mar 15, 2022 | Commentaires fermés sur 100% Cuban, compagnie Acosta Danza, Carlos Acosta, Chaillot-Théâtre national de la Danse

 

Impronta © Johan Persson

 

ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

En sortant de 100% Cuban, on peut légitimement se demander si c’est à un spectacle de danse 100% cubain auquel on a assisté au Théâtre national de Chaillot. Et on se demande presque pourquoi l’on se sent déçue. On avait mis dans ce spectacle sans doute trop d’attente, celle de vouloir partager un moment d’intensité fantasmée de rythmes et balancements caribéens, ou tout simplement une projection sur ces moments uniques d’émotions ardentes que (presque) seul le spectacle vivant et particulièrement la danse peuvent offrir. 100% Cuban ne nous transporte pas à ce stade-là, en dépit de l’excellence de ses danseurs et de leurs belles personnalités qui transcendent leur technique.

Le spectacle composé de cinq pièces de la compagnie Acosta Danza, créée en 2016 par le danseur classique, acteur et chorégraphe cubain Carlos Acosta, qui a travaillé pour le Royal Ballet de Londres et pour le Ballet national de Cuba, commence bien, avec un magnifique et surprenant duo mené par Raul Reinoso et Zeleidy Crespo, une danseuse exceptionnelle, qui à elle seule mérite le déplacement. Un corps liane qui déploie et ondule singulièrement ces attributs pourtant normaux dont dispose chaque danseur. Avec elle, jambes, bras, nuque, mains sont comme autant de centimètres de peau, muscles, terminaisons nerveuses, individuellement visibles, lui obéissant millimètre par millimètre. Zeleidy Crespo domine la scène, objectivement par sa taille au-dessus de la moyenne, mais aussi par son port de Reine au crâne rasé, par ses déhanchés et ondoiements, sa souplesse naturelle, sa grâce qui ne semble pas avoir de limite.

La déception pour ne pas dire le dégrisement surgit pour Hybrid, la deuxième pièce, la plus longue (24 minutes) des cinq, de Norge Cedeño et Thais Suárez, dans laquelle 10 danseurs dans des costumes gris foncé moulants et un décor digne d’une série de science-fiction des années 1980 évoluent sur une musique électro à l’avenant. Une corde au nœud coulant en front de scène et une série d’autres simples en fond de scène, laissent entendre que des passages acrobatiques vont s’ajouter à la danse. Il n’en est rien ou que très modérément au tout début, ce qui importe peu en soi, mais rend la déclaration d’intention peu lisible. La compétence des danseurs n’est pas du tout à remettre en cause, au contraire même. Ils mettent toute l’énergie et leur technique en marche, mais la proposition chorégraphique et scénographique les dessert incontestablement.

Ils sont mieux mis en valeur dans la troisième pièce, Paysage, Soudain, la nuit, avec un décor et des costumes épurés, dignes d’une pièce de Tchekhov : les danseurs évoluent sur des rythmes de rumba, avec le sourire, dans des étoffes en lin clair, devant une bande de champs de blé. La chorégraphie du suédois Pontus Lidberg, n’est en rien particulièrement originale et on a du mal à ressentir le « 100% Cuban », mais elle agit comme une consolation après Hybrid.

100% Cuban se poursuit avec Impronta, un solo de 7 minutes de l’espagnole Maria Rovira, avec à nouveau Zeleidy Crespo, exceptionnelle de technique et de grâce dans sa robe bleue évasée, qui avec des lumières très travaillées, semble tour à tout un derviche tourneur ou une madone d’un monde nouveau.

Le spectacle s’achève sur une pièce joyeuse, colorée, De Punta a cabo qui correspond sans doute davantage à ce que les occidentaux imaginent et attendent d’un spectacle de danse cubaine. Une vidéo en fond de plateau montre les mêmes quatorze danseurs que sur scène, évoluant ou dansant sur le Malecón, la promenade de bord de mer (au nord) de la Havane. La pièce est (modérément) festive et s’achève pour une raison qui nous a sans doute échappée, en sous-vêtements de couleur chair, avec lesquels les danseurs procèdent à des saluts mi chorégraphiés, mi improvisés radieux.

En dépit des frustrations indiquées, les amateurs de danse contemporaine ont tout intérêt à aller se faire leur propre idée sur 100% Cuban, ne serait-ce que pour avoir la chance d’être éblouis par Zeleidy Crespo et la plupart des autres danseurs, et d’aller les revoir à Cuba !

 

De Punta a cabo © Yuris Nourido

 

 

100% Cuban

Direction artistique : Carlos Acosta

Directeur des répétitions : Yaday Ponce

 

Liberto (17 minutes)

Chorégraphie : Raúl Reínoso

Musique : Pepe Gavilondo

Costumes : Alisa Pelaez

Lumières : Yaron Abulafia

 

Hybrid (24 minutes)

Chorégraphie : Norge Cedeño et Thais Suárez

Assistant à la chorégraphie : Niosbel González

Musique : Jenny Peña et Randy Araujo

Lumières et scénographie : Yaron Abulafia

Costumes : Celia Ledón

 

Paysage, Soudain, la nuit (17 minutes)

Chorégraphie : Pontus Lidberg

Musique : Leo Brouwer et Stefan Levin

Costume : Karen Young

Lumières Patrik Bogardh

Assistant à la dramaturgie et chorégraphie : Adrian Silver

Scénographie : Elizabet Cervińo

 

Impronta (7 minutes)

Chorégraphie : Maria Rovira

Musique : Pepe Gavilondo

Lumières : Pedro Benitez

 

De Punta a Cabo (18 minutes)

Chorégraphie : Alexis Fernández (Maca) & Yaday Ponce

Musique : Kumar, Kike Wolf – De Beautiful Cuban de José White et Omar Sosa

Costumes Vladimir Cuenca

Lumières Yaron Abulafia

 

Avec : Zeleidy Crespo, Enrique Corrales, Yasser Dominguez, Mario Sergio Elias, Arelys Hernandez, Penelope, Moréjon, Liliana Menéndez, Marco Palomino, Raúl Reinoso, Amisaday Rodriguez, Laura Rodriguez, Alejandro, Silva, Chay Torres, Patricia Torres

 

 

Jusqu’au 18 mars 2022

A 20 h 30, salle Jean Vilar

Durée 2 h (dont un entracte de 20 minutes)

 

 

Chaillot – Théâtre national de la Danse

1 Place du Trocadéro, 75016 Paris

www.theatre-chaillot.fr

 

 

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