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Trézène mélodies, d’après Phèdre de Jean Racine et des poèmes de Yannis Ritsos, mise en scène de Cécile Garcia Fogel, Théâtre 14, Paris

Avr 20, 2022 | Commentaires fermés sur Trézène mélodies, d’après Phèdre de Jean Racine et des poèmes de Yannis Ritsos, mise en scène de Cécile Garcia Fogel, Théâtre 14, Paris

 

© Simon Gosselin

 

ƒƒ article de Maxime Pierre

Quelque part en Grèce : Trézène. À la façon d’une tragédie antique, trois acteurs assument l’ensemble des rôles : Phèdre, Hippolyte, Thésée, Œnone, Théramène.  Au son d’une guitare, ils accrochent des sérénades sur les alexandrins de Racine. En contrepoint, des passages du poète grec Yannis Ritsos mettent la légende au goût du jour.

Assise dans son fauteuil de rotin, une « femme qui semble avoir dépassé la quarantaine » observe au point du jour le jeune Hippolyte. Et c’est ainsi que tout commence, dans la clarté d’un matin grec, tandis que les stores découpent des traits de lumière dorée sur la scène. Mélopée matinale. La chanson fait entendre les douze syllabes fatidiques de l’œuvre racinienne, les enroulent dans les replis de sa mélodie. Ce qui est en soi une gageure. Car l’alexandrin est implacable : pas de refrain, pas de ritournelle. La musique du destin – le fatum, à l’origine du mot fado – n’attend pas. L’action avance, tête en avant.

À une, deux, trois voix, les acteurs refont sonner le vers classique. Il n’est certes pas toujours facile de mouvoir une si grandiose machine. Le gond de la césure résiste. La symétrie impose sa résistance. Mais les harmonies de la guitare dissolvent la raideur du vers, les voix font résonner autrement un texte que l’on croyait connaître. Au détour d’une phrase, on grappille à coup sûr quelques notes délicieuses. Et soudain, un chant en langue grecque fait écho à cette musicalité fondamentale de la méditerranée : musiques amoureuses d’Andalousie aux influences arabes, musiques voyageuses devenues ailleurs bossa nova. L’émotion va crescendo jusqu’à l’issue fatale attendue par le spectateur. On pense alors à la beauté tragique d’un Orfeu negro.

Entre théâtre et chant, cette interprétation originale de Racine n’émeut certes pas à chaque instant. La faute peut-être au choix de certains passages où à la superposition des versions, notamment concernant la mort de Phèdre. Mais qu’importe ! On en retient de beaux moments. Cette reprise rafraîchissante d’un spectacle créé 1995 méritait un retour sur scène.

 

© Simon Gosselin

 

Trézène mélodies, mise en scène et musique de Cécile Garcia Fogel

D’après Phèdre de Jean Racine et Phèdre et Le Mur dans le miroir de Yannis Ritsos

Avec Cécile Garcia Fogel, Mélanie Menu (jeu et chant) et Ivan Quintero (guitare et voix)

Scénographie et costumes : Caroline Mexme

Lumières : Olivier Oudiou

Collaborations artistiques : Philippe Jamet et Jean-François Lombard

 

Durée : 1 h 05

Du 19 au 30 avril 2022

20 h mardi, mercredi et vendredi, 19 h jeudi, 16 h samedi

 

 

Théâtre 14

20, avenue Marc Sangnier

75014 Paris

Réservations : 01.45.45.49.77

www.theatre14.fr

 

 

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