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SACRE/GOLD, chorégraphie d’Emanuel Gat, au CENTQUATRE-PARIS.

Mar 30, 2017 | Commentaires fermés sur SACRE/GOLD, chorégraphie d’Emanuel Gat, au CENTQUATRE-PARIS.

ƒƒ article de Jean Hostache

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© DR

Une soirée poignante au 104, resserrant l’angle de vue du chorégraphe israélien Emanuel Gat, qui présente un diptyque de deux œuvres majeurs de son répertoire : SACRE et GOLD.

Les premières notes de Stravinski se font entendre, les danseurs arrivent sur ce grand tapis rouge oriental, jaugent cet espace et leurs partenaires. Ils seront sur leur terrain de jeu.

On connait bien l’attachement d’Emanuel Gat pour la musicalité dans son travail, et en découvrant son adaptation du Sacre du Printemps on se rassure de voir combien cette intimité reste intact sinon doublement renforcé par la puissance de Stravinski. Gat déconstruit totalement l’idée de narration présente à l’origine dans le ballet de 1913 créé par Nijinski, bien qu’une émotion de dualité, de séduction et de conflit reste présente dans sa création. Il voit dans les cadences tout à fait complexes et les couleurs chatoyantes de cette musique, une place que prêtée à une danse bien plus populaire (mais non pas inintéressante) : la salsa. Le frottement et la tension d’une danse de salon à l’épopée raconter par Stravinski, ouvre en somme une nouvelle tout à fait intrigante au regard des reprises légendaires que constituent cette œuvre mythique. La désacralisation fonctionne à peu près. Pourtant le folklore étant déjà présent chez Nijinski, on en revient à retrouver avec la gestuelle de la salsa un rapprochement certes novateur, mais en écho avec l’œuvre initiale. Les cinq interprètes fatiguent la danse au rythme épuisant qu’est celui de Stravinski. Leur rapport entre eux, disons le plutôt hétéro-normé, donne néanmoins l’image d’une sexualité dominante, sévère, sensuelle, et conflictuelle.

Dans GOLD, on retrouve à nouveau cette attention particulière donnée à la musicalité. S’il ne s’agit pas pour cette pièce de Stravinski, ce n’est autre que Glenn Gloud (un autre génie de la musique), interprétant Les variations Goldberg de Bach, auxquelles s’attaque Gat pour penser le mouvement. L’abstraction dans cette deuxième partie est radicale, la danse ne raconte pas (ou alors malgré elle), mais le mouvement est total et assumé. Ce qu’il y a de beau là-dedans, c’est l’écoute qui circule entre les interprètes. Une écoute sensible de la musique, et une écoute du groupe et de l’espace. Les variations de vitesse sont nombreuses, l’éclatement et la fusion du corps une logique récurrente ici, et les portés et autres contacts entre les partenaires une langue tout aussi partagée.

SACRE
Musique Igor Stravinski
Chorégraphe, créateur lumières et costumes Emanuel Gat
AvecAnastasia Ivanova, Michael Lohr, François Przybylski, Sara Wilhelmsson et Ashley Wright

GOLD
Musique Jean-Sébastien Bach, Variations Goldberg (interprétées par Glenn Gould)
Chorégraphe, créateur lumières et costumes Emanuel Gat
Bande son additionnelle The Quiet in The Land arrangée et écrite par Glenn Gould
Lumières Emanuel Gat en collaboration avec Guillaume Février
Conception son Emanuel Gat en collaboration avec Frédéric Duru

Avec Pansun Kim, Michael Lohr, Geneviève Osborne, François Przybylski et Milena Twiehaus

Du 25 au 20 mars à 21h

Le CentQuatre-Paris
5 rue Curial – 75019 Paris
Métro Riquet, Stalingrad, Marx Dormoy
Réservations au 01 53 35 50 00
http://www.104.fr

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