ƒƒƒ article de Florent Mirandole

© Martin Argyroglo

Les taupes nous ouvrent leur palais. Le spectacle de Philippe Quesne nous plonge dans l’intimité d’un groupe de 7 taupes rondouillardes occupées à leur tache quotidienne au cœur de leur grotte. Travaux manuels, déjeuner de vers de terre, sexualité débridée…Cette plongée dans un univers parallèle nous permet d’observer les mœurs les plus intimes de ce peuple de mammifères à la vue approximative. Elle nous permet surtout d’admirer l’incroyable univers visuel et sonore qu’a construit l’actuel directeur du théâtre Nanterre Amandiers.

En mettant en scène une troupe de taupes dans sa grotte, Philippe Quesne ne cherche par à surprendre ou à choquer gratuitement. Ici, ce choix est d’abord pour lui une manière d’arracher le spectateur à l’univers confortable d’un théâtre pour le transplanter dans un nouvel univers, unique et perturbant. Le metteur en scène complète d’ailleurs son travail de déracinement en faisant disparaître tout dialogue de sa pièce. Une fois que l’on accepté que les taupes démontent les murs à coups de pioche et manient la batterie comme personne, l’esprit est définitivement désarmé et prêt à accepter le monde de Philippe Quesne. Résultat, nous découvrons un univers fascinant, uniquement fait de bruits et de sons.

A peine les murs de la petite guinguette qui trône au milieu de la scène sont tombés, la scène se transforme en une grotte immense et inquiétante. Au milieu des stalactites menaçantes, les couleurs changent, les bruits résonnent, les animaux hurlent. Utilisant des matériaux bruts, les taupes s’emparent de leur grotte et la transforment en une gigantesque salle de représentation ou de jeux. Un vent de liberté artistique souffle alors sur la scène, et les sept taupes rivalisent d’inventivité pour démultiplier les effets sonores et visuels. Les décors accompagnent cette effervescence, comme lorsqu’en fond de scène un immense fond lumineux se révèle, éclairant la caverne et ses habitants d’une lumière chaleureuse et incongrue.

Passé l’effet de surprise et d’amusement, ces 24h passées dans la vie d’une troupe de taupes s’avèrent une expérience aussi euphorisante que perturbante. La nuit des taupes est d’abord une invitation magnifique à la divagation et à l’expérience sensorielle.

La nuit des taupes
Conception, mise en scène et scénographie Philippe Quesne
Costumes Corine Petitpierre, assistée d’Anne Tesson
Collaboration dramaturgique Léo Gobin, Lancelot Hamelin, Ismael Jude, Smaranda Olcèse
Collaboration artistique et technique Marc Chevillon, Yvan Clédat, Élodie Dauguet, Abigail Fowler, Thomas Laigle
Equipe technique de création Nanterre-Amandiers Patrick Bonnereau, Joachim Fosset, Alain Gravier, Pauline Jakobiak, Jean-Christophe Soussi
Construction du décor ateliers de Nanterre-Amandiers Michel Arnould, Philippe Binard, Alix Boillot, Jérôme Chrétien, Jean-Pierre Druelle, Fanny Gautreau, Marie Maresca, Myrtille Pichon, Olivier Remy, Claude Sangiorgi
Stagiaires scénographie et décor Chloé Chabaud, Juliette Seigneur, Amélie Wellan
Couturières Karelle Durand et Lydie Lalaux

Avec Yvan Clédat, Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Erwan Ha Kyoon Larcher, Sébastien Jacobs, Thomas Suire, Gaëtan Vourc’h

Du 5 au 26 novembre 2016
Mercredi, vendredi à 20h30
Jeudi, samedi à 19h30 (sauf sam. 5 nov. à 20h30)
Dimanche à 15h30
Durée 1h20

Théâtre des Amandiers de Nanterre
7, avenue Pablo Picasso – 92022 Nanterre
Réservations  01 46 14 70 00
www.nanterre-amandiers.com

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