Les dainas (prononcez daïnas) sont des courts poèmes populaires lettons qui chantent l’amour, la douleur, la nature et la mémoire… Et c’est bien à quoi nous invite Dimitri Doré, à chanter ses origines retrouvées, lui l’enfant letton né à Jelgava en 1998, adopté par des parents rémois à l’âge de 18 mois. Portrait fragmenté, kaléidoscope de souvenirs fugaces, entre fantasmes et réalités ou comment s’inventer une mythologie bricolée, et se forger une identité. Tout commence par un film super 8 où les parents de Dimitri Doré vivent ce que vivent tout jeune couple, une vie somme toute banale, une journée sans particularité, suivi d’un dialogue imaginaire et non sans humour concernant la procédure d’adoption. Avant que ne surgisse Oleg, avatar de Dimitri Doré et nom de son géniteur apprendrons-nous plus loin, viking de son état – ils furent les premiers habitants de Lettonie – accoutré davantage comme un hockeyeur sur glace, propre à tout enfant se déguisant et jouant au si magique, et s’invitant sans façon dans le salon de ses parents. Suivi d’une chanteuse pseudo-rock avec pour micro un balai. Puis un letton célébrant en habit traditionnel la Ligo Diena ou journée de l’herbe, cérémonie ayant lieu lors du solstice d’été. Enfin une gymnaste et circassienne spécialiste du cerceau aérien doublé d’un dialogue avec la responsable lettone de l’orphelinat et de son adoption. Autant de doubles fictionnels issus du folklore letton, ou d’une réalité, costumes qu’endossent Dimitri Doré pour retisser un lien avec une culture dont il sait à vrai dire peu, sinon rien. Sur ce plateau où pendent des draps blancs, écrans derrières lesquels ils se cachent le plus souvent ou se retire pour une énième métamorphose, Dimitri Doré convoque ainsi une réalité lettone obsessionnelle et fantasmée qui participe de son imaginaire traversé de son propre rapport à sa famille adoptive. Seulement et malgré les qualités intrinsèque de cette mise en scène où l’on reconnait la patte de Jonathan Capdevielle, une dissociation continue entre la voix et le corps, un art du travestissement, une pluridiscipline, à trop se cacher derrière chaque personnage, et sans que nous ayons les clefs, le si sensible, pour qui le connait en d’autres lieu comme au cabaret, Dimitri Doré brouille son image plus qu’il ne l’éclaire. Cet exercice de l’intime, toujours périlleux il est vrai, ne nous livre rien ou si peu comme si au fond et par un dernier excès de pudeur Dimitri Doré se dérobait pour n’offrir qu’un bel album d’image, aussi poétique soit-il, cartes postales envoyées de Lettonie à peine griffonnées, mais qui n’explique au fond rien d’une réalité sans doute plus complexe et des conséquences de cette quête des origines. La frustration est là, de cette dérobade.

Dainas (pron. daïnas), texte de Jonathan Capdevielle et Dimitri Doré
Mise en scène de Jonathan Capdevielle
Avec : Dimitri Doré
Assistanat à la mise en scène : Jade Maignan
Stage mise en scène : Juan Bescos
Musique originale : Jennifer Eliz Hutt
Création sonore : Vanessa Court
Lumière : Bruno Faucher
Assistanat lumière : Alexy Carruba
Costumes : Coline Galeazzi
Dispositif scénique : Jonathan Capdevielle, Dimitri Doré, Bruno Faucher, Jérôme Masson
Construction cadres métalliques : Théo Jouffroy
Régie générale : Jérôme Masson et Léa Bonhomme
Coach Letton : Baiba Troscenko
Cours de chant : Pierre Derycke
Reproduction tableau Monnet : Yannick Doré
Film super 8 : 1979 un jour de la semaine pour un couple, réalisation Yannick Doré, avec Dominique Doré et Yannick Doré
Photo : © Gregory Batardon
Du 6 au 17 novembre 2025
Lundi, jeudi et vendredi à 20h
Samedi à 18h, dimanche à 16h
T2G
Théâtre de Gennevilliers
41 avenue de Grésillon
92230 Gennevilliers
Réservations : 01 41 32 26 26

