Au nom du ciel, est le quatrième et dernier épisode d’une quadrilogie, intitulée justement la Quadrilogie de ma Terre, écrite et mise en scène par Yuval Rozman, d’origine israélienne. Il y présente les difficultés israélo-palestiennes et a trouvé une très bonne idée pour évoquer un sujet pas évident du tout : demander à trois oiseaux ce qu’ils en pensent.

Une drara, un bulbul et un martinet noir discutent et se disputent, s’envolent, pépient de tout et de rien ici ou là, au-dessus de la Cisjordanie, autour d’un nid façon couronne du Christ. Du mauvais caractère, le drara, une presque timidité, le martinet noir, ou de l’entre-deux sympathique et rieur, le bulbul, et voici nos trois oiseaux décrits. Ils ont de quoi être fiers de leur plumage, leurs costumes, créés par Julien Andujar, laissent pantois. Et ils sont discrètement très bien outillés : ils s’accrochent comme ils le souhaitent aux cordes qui surplombent la scène et volent, grâce à cet homme qui, directement sur le plateau, manie de magiques outillages. Les trois camarades s’envolent, se la jouent oiseaux en quelque sorte. Ce technicien qui fait tout et auquel on ne fait même plus attention au bout d’un moment, est habillé en jaune, bêtes T-shirt et short qui ceci dit en font un joli poussin…

Ces trois camarades mènent l’enquête sur l’assassinat d’un jeune autiste palestinien de 32 ans, auquel d’ailleurs est dédié ce spectacle, par les troupes israéliennes. Dans le ciel ils miment ce qu’ils ont vu, appris, lus, allez savoir… Qui a fait quoi, comment, quel jugement peut être rendu avec une justice claire et sereine ? Les oiseaux n’en reviennent pas de tant de violence humaine. Ils ont peur de ne pas avoir tout compris, comment a-t-on pu tirer sur un jeune handicapé, accompagné de son infirmière, une première fois, éloignant ainsi tout danger, et une seconde, sans raison absolue mais dans la tête, directement.  

Au nom du ciel pose une foule de très bonnes questions et multiplie les approches, poussant à faire reconnaître une culpabilité évidente à ces soldats. On pourrait imaginer un spectacle sinistre et larmoyant, non, les oiseaux se remuent becs et ailes, s’amusent comme des fous et sont sérieux. Les éclats de rire se multiplient dans la salle, spontanés et généreux, on se sent curieusement bien face à un tel sujet… Ces trois piafs nous emportent et prouvent combien sont réelles et justes leurs questions. Les images qui se construisent sont surprenantes, elles ont une richesse de lignes, de couleurs, de matières, de technicité même qu’il était impossible d’imaginer en s’installant dans cette salle. Le texte des informations apparaît sur de longs écrans surplombant la scène. On l’entend, le lit. Ces écrans sont presque des personnages supplémentaires, même s’ils n’ont pas de plumes. Par contre, leur jeu de lumières stroboscopiques, cette mode incontournable et dangereuse pour certaine maladie comme l’épilepsie, n’est vraiment pas sympathique.

Ce spectacle est époustouflant aux trois quarts. Le dernier surprend et déçoit : on sent que n’ayant pas envie de terminer ce spectacle, une foule d’approches possibles s’invente, rebondit et ça n’en finit plus, grand dommage. Là, une presque gifle apparaît et nous montre qu’une fin forte a été trouvée ? Non, d’autres rebondissements et réflexions. Puis nous croyons être poussés à avouer un étonnement positif pour une si forte fin ? Mais non, il faut parler, encore, encore et encore, ça n’en finit plus, grand dommage. Les oiseaux sont encore là ? Les pépiements forts et joyeux du début commencent à manquer, les discussions humaines débordent. Qui est qui ? On sort d’Au nom du ciel touchés et lassés en même temps, c’est bien dommage. 

Au nom du ciel, écrit et mis en scène par Yuval Rozman

Collaboration à l’écriture : Gaël Sall

Scénographie et création lumière : Victor Roy

Création sonore : Roni Alter

Accompagné de : Jean-Baptiste Soulard

Création des costumes : Julien Andujar

Confection : Isabelle Donnet

Assistanat à la mise en scène : Antoine Hirel

Régie son : Quentin Florin

Régie plateau : Nicolas Bignan

Régie générale : Christophe Fougou

Regard chorégraphique : Anna Chirescu

Accompagnement du vol : Marc Bizet

Avec : Cécile Fišera, Gaël Sall, Gaëtan Vourc’h

© Photos de Frédéric Lovino

Du 3 au 20 décembre 2025

Du 3 au 13 décembre :

Mardi au vendredi, 20h30

Samedi, 19h30

Dimanche 14 décembre, 15h30

Du 16 au 20 décembre :

Mardi au vendredi, 21h

Samedi, 20h

Relâche les lundis et le dimanche 7 décembre

Durée estimée 2 heures

Théâtre du Rond-Point

Salle Jean Tardieu

2bis, avenue Franklin D. Roosevelt

75008 Paris

Réservations : 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

Le texte du spectacle est soutenu par le Centre national du livre au titre de la bourse découverte aux auteurs dramatiques.

La compagnie Inta Loulou est conventionnée par le ministère de la culture – DRAC Hauts de France.

Le texte d’Au nom du ciel est publié aux solitaires Intempestifs.