© Sébastien Toubon

 

ƒƒ article de Corinne François-Denève

Il y a une petite quinzaine d’années, Caroline Silhol découvre La dernière conférence de presse de Vivien Leigh, une pièce de Marcy Lafferty. Enthousiaste et fonceuse, elle décide de la traduire, de l’adapter en français, de la monter, et de la jouer. Ce sera en 2009, à la Comédie des Champs Élysées, dans une mise en scène de Michel Fagadau. La voici de retour avec cette Scarlett O’Hara, la dernière conférence de presse de Vivien Leigh. Le temps a passé, l’image de « Vivien Leigh » est peut-être désormais moins précise, et il faut désormais ajouter le prénom et le nom de l’héroïne d’Autant en emporte le vent pour que le souvenir de l’actrice renaisse.

Dans la constellation des stars de Hollywood rendues inoubliables par un seul rôle, Vivien Leigh tient une place de choix. Elle fut aussi une autre Belle du Sud, Blanche DuBois, dans Un tramway nommé désir. D’un côté la merveilleuse jeune fille que la guerre de Sécession ne pourra abattre, de l’autre une femme brisée, blessée, par des traumatismes intérieurs. La critique sera prompte à dire que Vivien Leigh ne joue pas, mais qu’elle est juste cette Blanche conduite à l’hôpital à la fin du film. L’actrice n’est-elle pas bipolaire ? Ne fait-elle pas subir le martyre à son mari, le pauvre Laurence Olivier ? De nombreux livres sont récemment revenus sur ce « storytelling » sensationnaliste et réducteur*. Il est encore au cœur de la pièce de Lafferty, soutenu par des déclarations de Vivien Leigh elle-même.

Une actrice joue une autre actrice… Il y a de la Vivien Leigh en Caroline Silhol : une absolue certitude de ce qui est bien pour elle, un goût du travail acharné, une capacité à embarquer avec elle une équipe… Scarlett, c’est elle, de la même façon que Vivien Leigh, c’était Scarlett, elle en était persuadée avant tout le monde. Caroline Silhol ne ressemble pas à Vivien Leigh : elle est aussi blonde que la Britannique était brune. Elle ne joue pas le mimétisme, mais l’hommage. Un tailleur très bien coupé, des gestes délicats, un parler distingué font d’elle une actrice britannique des années 60 tout à fait plausible. Quelques phrases en punchline, de jolies variations de ton, des anecdotes balancées comme en passant, quelques jurons pour équilibrer le côté rose anglaise : voici le « Vivling » qui surgit, sous les rires de la salle.

Le plateau du Poche déploie une scénographie très simple. Une grande affiche d’Autant en emporte le vent en guise de toile peinte, deux fauteuils, que la comédienne investit tour à tour, au gré de sa conversation. Quelques points fixes aussi, éclairés par des lumières travaillées, pour donner corps et âmes à des vers de Shakespeare. Exit the Actress. Mais elle revit dans une autre.

 

* Voir par exemple Vivien Leigh, « I’m not a film star, I’m an actress », dijon, eud, 2023, qui contient une interview de Caroline Silhol.

 

© Sébastien Toubon

 

Scarlett O’Hara – La dernière conférence de presse de Vivien Leigh, écrit par Marcy Lafferty, adaptation de Caroline Silhol

Collaboration artistique : Anne Bourgeois

Avec : Caroline Silhol

Musique : Nicolas Jorelle

Lumières : Denis Koransky

Costume : Christophe Lebo assisté de Nadège Bulfay

 

Du 6 mars au 4 mai, du mardi au samedi 19 h et le dimanche à 15 h

Du mardi au samedi 19h – dimanche 15h

Durée : 1h20

 

Théâtre de Poche Montparnasse

75 boulevard du Montparnasse

75006 Paris

 

Réservations : 01 45 44 50 21

www.theatredepoche-montparnasse.com